Le mandat d’arrêt international lancé par la Justice algérienne contre Chakib Khelil, son épouse et ses deux enfants, Farid Bedjaoui ainsi que 8 autres personnes pour des faits de corruption dans le scandale Sonatrach-Saïpem est un « non-événement », estime Halim Feddal, Secrétaire général adjoint de l’Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC).
« Ne soyons pas naïfs. La justice algérienne est instrumentalisée par le pouvoir politique. Elle n’a aucune indépendance. Ce mandat d’arrêt est, à nos yeux, une manoeuvre politicienne qui s’inscrit dans la guerre qui oppose les différents clans au pouvoir. Si on voulait vraiment juger Chakib Khelil, les autorités ne l’auraient pas laissé quitter tranquillement le territoire national », explique à Algérie-Focus ce responsable de l’ANCL dont l’agrément est toujours pondant au niveau du tribunal administratif d’Alger. Justement, ce tribunal ne jouit d’aucune crédibilité aux yeux de Halim Feddal. « Nous avons nous-mêmes adressé plusieurs dossiers de corruption, étayés par des rapports de l’inspection générale de finance, de moindre importance par rapport au scandale Sonatrach, au procureur général près la cour d’Alger, Belkacem Zermati. Ce dernier n’a jamais bougé le petit doigt. Comment voulez-vous alors qu’il fasse appliquer la justice dans un scandale d’une aussi grande ampleur et qui revêt, en plus, une forte dimension politique ? », s’interroge notre interlocuteur lequel ne cache nullement son « scepticisme » concernant l’aboutissement de ce mandat d’arrêt international.
Halim Feddal rappelle à ce propos que Chakib Khelil dispose de la nationalité américaine. De ce fait, il sera très compliqué pour l’Algérie d’obtenir le feu vert des autorités américaines pour l’extradition de Chakib Khelil. Ce dernier pourrait donc trouver un refuge agréable au pays de l’Oncle Sam. En plus, la configuration politique actuelle ne favorisera nullement un procès équitable et transparent. « En Algérie, nous ne sommes mêmes capables de mettre en place une commission d’enquête indépendante sur les scandales de corruption qui touchent notre première source de revenus, à savoir Sonatrach. La corruption ronge toutes nos institutions et son ampleur est dramatique. La problématique de la succession de Bouteflika et les luttes claniques qui s’opèrent autour de cette question compliquent encore davantage les choses », confie en dernier le Secrétaire général adjoint de l’ANLC.