Fermeture de cliniques privées, blâmes, multiplication des inspections inopinées sur l’ensemble du territoire national… Le ministère de la Santé sévit enfin.
Il aura donc fallu attendre un électrochoc pour que le ministère de la Santé accomplisse le deuxième volet de sa mission, à savoir la réforme hospitalière, en mettant de l’ordre dans un secteur primordial, laissé en jachère durant des années. Les images consternantes, filmées par la télévision gouvernementale au service de maternité du centre hospitalier universitaire (CHU) de Constantine, montrant des nouveau-nés entassés à plusieurs dans des couveuses et des locaux insalubres, ont fait le tour du monde.
Sursaut d’orgueil ou prise de conscience tardive des autorités publiques de la gravité de la situation sanitaire du pays ? Toujours est-il que le ministère de la Santé a enfin pris le taureaux par les cornes, en ordonnant la fermeture de la maternité lors d’une visite sur les lieux samedi 25 juillet. Enfin réactif, le ministère annonce, trois jours après, la fermeture de 20 cliniques privées dans la wilaya d’Alger. Cette décision ne découle toutefois pas directement de la diffusion du reportage de l’ENTV sur l’hôpital public de Constantine, le 21 juillet dernier.
Inspections inopinées et premières sanctions
Le ministère de la Santé a effectivement lancé une opération d’inspections inopinées « wilaya par wilaya » dans les établissements privés, cliniques, centres d’hémodialyse, laboratoires d’analyses médicales et cabinets des médecins spécialistes, selon un communiqué diffusé fin juin. But de l’opération : « assurer davantage de fermeté dans le fonctionnement du secteur qui manque de ce genre de démarches », précisait alors le communiqué. Les premiers résultats ont été annoncés le 30 juin : fermeture définitive d’une clinique privée à Blida et une autre à M’Sila, respectivement en raison de la réalisation « non autorisée » d’un bloc opératoire et pour « mise en danger de mort d’un nouveau-né évacué sans respect des mesures de sécurité ».
Quid des hôpitaux publics ?
À Alger, les motifs sont quasiment identiques. Les établissements sanitaires privés, fermés par les pouvoirs publics, ont été sanctionnés pour avoir notamment transformé des structures sans respect des normes, élargi leurs activités et employé des praticiens sans autorisation, indique un communiqué du ministère de la Santé rendu public lundi. Ce n’est pas tout. Dix blâmes ont également été attribués à des cabinets spécialistes. Le département dirigé par Abdelmalek Boudiaf aurait-il fait preuve de la même fermeté sans la vidéo du CHU de Constantine ? La question est légitime.
Un regret cependant : si les sanctions tombent au niveau des établissements privés, les 150 cadres du ministère de la Santé, chargés des inspections inopinées, ne sont pas habilités à relever les « dépassements » signalés par les Algériens dans les centres de soin publics. C’est pourtant dans un hôpital public que des femmes, à Constantine, ont accouché dans des conditions inhumaines.