Mohamed Mechati, ancien membre des 22, et de l’OS, l’organisation spéciale qui a enfanté la Révolution Algérienne, n’a pas été tendre envers les décideurs, que ce soit par rapport à la gestion actuelle du pays ou même à certains événements qui se sont déroulés durant la guerre de libération nationale.
Dans un entretien, paru lundi dans les colonnes du «El Watan», ils traitent les décideurs de «bandits et de voyous». Le même qualificatif est utilisé à propos du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dont la longue hospitalisation, selon lui, n’est que «du cinéma». Ainsi, s’exprimant sur les scandales économiques, comme celui ébranlant Sonatrach, qui secouent le pays, Mechati ne se fait aucune illusion sur le sort des enquêtes menées par les services de sécurité. «Combien d’affaires ont déjà été escamotées sans que jamais justice ne soit faite ? Des tas. Vous parlez de justice, mais laquelle ? Un pouvoir de bandits et de voyous ne veut avoir qu’une justice pour voyous et bandits. Mais c’est le système qui est comme ça. S’il y avait une justice, vous pensez qu’on aurait eu ça ? Dans ce système, il peut y avoir des gens honnêtes. Forcément. Mais très peu. Car un homme honnête n’accepte jamais de travailler dans un pareil système et de nager dans ses eaux troubles», déclare-t-il avec amertume avant de lancer : «Trop. C’est trop». Pour ce révolutionnaire, «il faut un changement total» dans le pays.
«Il nous faudrait des hommes qui n’ont pas de taches, des gens propres, pour reprendre en main les choses, pour faire sortir l’Algérie de ce gouffre dans lequel elle est enfoncée. Et ce ne sont pas les personnes qui sont actuellement au pouvoir qui le feront. Q’ils partent tous. Sans exception. Parce que des hommes honnêtes et propres existent bel et bien dans ce pays. Il faut juste leur en donner l’occasion», a-t-il affirmé. Dans ce sens Mechati estime que ce ne sont pas les meilleurs, durant la Guerre de Libération, qui ont pris les postes de commandes, après l’indépendance. «Hocine Lahouel, le bagage intellectuel qu’il avait, il était bachelier, le discours construit, une bête politique, orateur hors pair, des qualités humaines, son amour de la collégialité… Voilà un homme ! Un homme comme ça, qui a été secrétaire général du MTLD, n’est pas devenu président de la République, mais Boumediène, Bendjedid l’ont été !», s’est-il écrié. Revenant sur ses rapports personnels avec le chef de l’Etat, celui-ci a rappelé que c’est à cause de Bouteflika, qui, selon lui, faisait dans la chasse aux compagnons de Benbella, qu’il s’est retrouvé en prison durant les années 60. En dernier lieu, évoquant l’assassinat du Président Mohamed Boudiaf, un certain 29 juin 1992, Mechati a indiqué que sa mort est due «beaucoup plus à l’affaire du Sahara Occidental».
«Il avait pris un engagement écrit, appuyant la position du Maroc. Moi-même, je lui ai fait la remarque en Suisse, lui disant qu’il n’aurait pas dû. On s’est croisé et m’a jeté son regard méchant : j’ai pouffé de rire. Il m’invita à prendre un café. Il m’avait répondu qu’on n’avait pas bien compris le contenu de sa déclaration. Or, sa prise de position était des plus claires», a-t-il précisé à ce propos. Mechati a beaucoup parlé, dans cet entretien, des exécutions politiques, notamment le cas Abane Ramdane dont la responsabilité de l’assassinat est à mettre, selon lui, à l’actif de «Bentobal, Krim et Boussouf».
Elyas Nour