Marieme Helie Lucas est une sociologue algérienne qui a fondé, avec d’autres femmes, le Réseau international de solidarité « Femmes Sous Lois Musulmanes » et elle est la coordonnatrice de Secularism Is A Women’s Issue. Ardente militante contre la montée de l’intégrisme islamiste dans le monde, elle vient de signer une analyse où elle appelle les Européens à s’inspirer de la triste expérience algérienne des années 90.
Pis, elle établit des similitudes entre la montée du conservatisme islamiste en Europe avec ce que l’Algérie avait connu durant les années 90. « Cassandres inécoutées, nous nous égosillons pourtant depuis trois décennies à pointer du doigt des similitudes qui seraient éclairantes politiquement. Les Algériennes surtout, qui ont fui la terreur intégriste des années 90, ne cessent de montrer les différentes étapes de la montée intégriste en Algérie, des années 70 aux années 90, et leur similitude avec ce qui se met en place en France et ailleurs en Europe : d’abord des attaques contre les droits légaux des femmes (pour demander un droit spécifique ‘musulman’ en matière familiale, une ségrégation sexuelle dans les hôpitaux, les piscines, etc), conjointement avec des demandes particularistes en matière d’enseignement (cursus adapté, non laïque) puis des attaques ciblées contre les contrevenantes indisciplinées (filles lapidées, brûlées) et contre tout laïque rebaptisé ‘kafer’ (journalistes, comédiennes, Charlie), enfin des attaques indiscriminées contre tout comportement qui ne correspond pas à l’idéal intégriste (Bataclan, terrasses de café, match de foot, etc.) », a-t-elle averti dans une contribution publiée à propos des violences sexuelles subies par des centaines de femmes à Cologne en Allemagne, lors des fêtes de fin d’année.
« Tout ceci s’est développé suivant le même schéma, des années 70 aux années 90 en Algérie, en commençant de la même façon par mettre en cause les droits des femmes et leur existence dans l’espace public, sachant trop bien que les gouvernements n’hésitent pas à monnayer les droits des femmes en échange du maintien d’une certaine paix sociale avec l’intégrisme », rappelle-t-elle encore dans son analyse diffusée dans plusieurs médias et blogs spécialisés en France. Marieme Helie Lucas avertit que « ce qui est en jeu va bien plus loin que les simples droits des femmes ; c’est un projet de société théocratique, dans lequel, entre autres, – entre autres seulement -, les droits des femmes seront limités ».