Mouloud Hamrouche : « Le militaire doit être loyal à la patrie et non pas aux hommes »

Redaction

Mouloud Hamrouche revient sur le devant de la scène politique. Lors d’un débat organisé par l’association RAJ, l’ ancien chef du gouvernement est longuement revenu sur le rôle de l’armée qu’il appelle à cesser « d’être la base sociale du pouvoir ».

« On entend souvent dire que l’Algérie est un pays pivot et une puissance régionale. Elle ne le sera jamais si l’armée ne cesse pas d’être la base sociale du pouvoir. Une armée moderne suppose un Etat moderne, qui obéit à des règles universelles bien établies. Je ne suis pas en train de comploter contre l’armée. Mais je dis seulement que cette impasse est dangereuse », prévient l’ancien chef de gouvernement qui fut celui qui a initié le pays aux réformes démocratiques au début des années 90. « Il faut sortir de cette impasse. Cela fait un quart de siècle que le pays est en crise et que la violence s’est ancrée (…). Essayons une autre démarche », a fait savoir encore en substance Mouloud Hamrouche devant des jeunes invités par l’association RAJ (Rassemblement, action, jeunesse).

Interrogé sur cette nouvelle orientation de son discours, lui qui mettait en garde avant les élections présidentielles sur le risque de l’implosion de l’armée, l’ancien chef du gouvernement se justifie encore :«j’ai dit faites attention car à cause du choix des hommes, nous allons faire imploser l’armée. Il fallait interpeller les consciences et rappeler que le militaire doit être loyal à la patrie et non pas aux hommes et que l’armée sert un Etat et ne peut pas être un outil entre les mains d’un groupe», précise-t-il.

Pour le reste, Mouloud Hamrouche ne change rien à ses positions. Il estime toujours que le « système est un danger pour le pays ». «Le régime a travaillé pour lui-même ; c’est ce qui fait qu’il est aujourd’hui arrivé à ses limites : il n’arrive plus à se renouveler et à renouveler ses hommes. C’est lui qui menace le pays, ce ne sont pas les 40 millions d’Algériens», indique l’enfant de Skikda lequel veut démontrer ainsi qu’il n’est pas rentré chez lui.

Face à la situation de blocage, le conférencier ose formuler des propositions et des pistes de travail lui paraissant possibles et faisables. «Faire le changement passe par deux types de procédure. Il y a l’effondrement et la grande révolte qui donnent naissance à un pouvoir qui émerge de la rue. Et cela n’est pas une solution. Les exemples ont montré que cela débouche sur un pouvoir plus dur par rapport à celui qui était en place», a indiqué Mouloud Hamrouche. Mais pour éviter l’effondrement de l’Etat, le conférencier propose une solution graduée. «Il faut changer par un processus raisonné, construit, et des solutions élaborées afin d’amener les gens, petit à petit, sur cette voie consistant à réorienter ce grand bateau qu’est l’Algérie. Il faut des doses calculées et éviter l’effondrement», préconise-t-il.

Enfin, Mouloud Hamrouche n’a pas encore décidé s’il va participer ou non aux consultations politiques que mènera Ahmed Ouyahia autour de la révision de la Constitution.

Essaïd Wakli