Les journalistes algériens célèbrent, aujourd’hui, la journée internationale de la Liberté de la Presse. Comme chaque année, cette célébration revient, galvaudée, pour rappeler, tel un folklore, les acquis et les ratés d’une presse qui n’arrive toujours pas à se retrouver.
Cette année, comme s’il fallait mettre un autre nom à l’oubli, les autorités ont décidé de créer une « journée nationale » de la presse. Comme si l’évocation de cette liberté qui a été arrachée de hautes luttes, gênait encore les cercles plus influents. Bien sûr que les mémoires de ces confrères qui avaient disparu tragiquement dans cette mission vietnamienne doivent être honorées. Bien sûr que la création du premier organe de presse dédié à la résistance du peuple algérien, en 1955, doit être connue par les générations montantes. Mais cela ne doit pas nous faire oublier un passé récent, presque présent.
Sans parler de la sombre période du parti unique où la liberté de la presse était tout juste un vœu pieux de beaucoup de confrères, il y a moins de 20 ans, en effet, des dizaines de journalistes algériens tombaient sous les balles de l’intégrisme. Il est inutile de chercher la vérité sur la mort de Djaout, Mekbel, Yefsah, Zinou, Omar Ourtilane et des dizaines d’autres journalistes assassinés lâchement par leurs bourreaux. Ces derniers sont tout simplement «victimes de terrorisme». Oui, il n’y aucun autre qualificatif admis pour le présent. C’est la seule version qui vaille.
Peu importe. Ces gens, dont le nombre exact n’est pas encore connu ni déterminé, sont morts. Ils sont les «martyrs de la profession». Mais ce qui est peut-être difficile à admettre aujourd’hui, est cette tendance à l’oubli. «Ce dont nous rêvons la nuit est vite oublié le matin suivant », disait le poète Aït-Menguellet. Faisons en sorte de ne plus les oublier !
E. W.