Sonatrach n’en a pas encore fini avec ses histoires de corruption. Ce mardi, un quotidien italien a rendu public de nouvelles révélations concernant les pots-de-vin versés par la société italienne Saipem à la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach. La justice a décidé de plusieurs sanctions, notamment à l’encontre de Farid Bedjaoui, considéré comme un proche de Chakib Khellil, l’ancien ministre de l’Energie.
Le quotidien italien Il Corriere della Sera a révélé dans son édition de mardi de nouveaux éléments dans l’affaire de corruption entre Sonatrach et Saipem, une filiale italienne du géant pétrolier ENI. Cette dernière est accusée d’avoir versé des pots-de-vin entre 2007 et 2010 à Sonatrach. Saipem aurait, en effet, donné de manière illégale 197 millions de dollars pour obtenir des contrats en Algérie. La société italienne en a ainsi signé sept, d’une valeur totale de 8 milliards d’euros. Ces informations ont été révélées par la juge italienne Alfonsa Ferraro, citée dans le journal Il Corriere della Sera.
Comment transitait l’argent de la corruption ? Par l’intermédiaire d’une société hong-kongaise : « Pearl Partners Limited » qui présentait cet argent comme des frais d’intermédiation. La société était contrôlée par Farid Bedjaoui. Cet homme de 44 ans, qui possède un passeport français, résidait à Dubaï. Il était surnommé « le Jeune » en référence à Chakib Khellil, appelé le « Vieux » par certains. « Pearl Partners Limited et Bedjaoui sont la même chose », a par ailleurs reconnu Pietro Varone, ancien responsable à Saipem. S’exprimant devant les magistrats, il a également affirmé : « Bedjaoui a dit clairement qu’il donnait l’argent au ministre de l’Energie Chakib Khelil».
Le parquet de Milan a donc lancé le 28 juillet un mandat d’arrêt international à l’encontre de Farid Bedjaoui. La justice italienne a également lancé des commissions rogatoires afin de saisir les 123 millions de dollars qui seraient actuellement sur des comptes, à Singapour et Hong-Kong, appartenant à M. Bedjaoui et à ses proches. Farid Bedjaoui n’est cependant pas le seul mis en cause par la justice italienne. Pietro Varone, ancien responsable de la division ingénierie et construction à Saipem et considéré comme le chaînon essentiel de cette affaire de corruption, a été arrêté le 28 juillet.
Deux autres acteurs de ce scandale de pots-de-vin sont, eux aussi, scrutés par la justice italienne. Mohamed Meziane, l’ancien président de Sonatrach, aurait été arrosé de 100 000 dollars lors de voyages en Italie, tandis que son chef de cabinet, Mohamed Reda El Hameche, aurait perçu 1 750 000 dollars de commission.