Les organisateurs du grand rassemblement du 14 mars qui s’est tenu à Ouargla clament victoire. Des milliers de personnes ont répondu favorablement à l’appel à manifester lancé par le collectif citoyen composé essentiellement de jeunes chômeurs originaires de cette région, riche en pétrole et, pourtant, ô combien pauvre et miséreuse. Une pauvreté qui s’explique surtout par l’exclusion dont sont victimes en général toutes les régions du sud.
Pour signifier leur révolte contre cette discrimination et cette injustice qui fait tant mal aux habitants du sud, les jeunes d’Ouargla ont pris d’assaut dés la matinée de ce jeudi la Place centrale de la ville pour y tenir un immense rassemblement contre le chômage, la Hogra, le régionalisme, l’incompétence des autorités locales, le mépris des dirigeants de l’Etat, les répressions des libertés publiques, et tous les autres maux qui martyrisent la société algérienne. Et la grosse affluence lors de cette manifestation a encouragé encore davantage les organisateurs à envisager une autre protestation pour faire pression sur les autorités politiques. Ainsi, à ce sujet, Tarek Maméri, blogueur opposant et membre du Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC) a estimé que « le rassemblement est un succès, c’est le premier succès de notre combat pour la dignité ». Le rassemblement qui s’est déroulé dans un climat pacifique a adressé un message politique clair aux hauts responsables du pays. Les jeunes du sud n’acceptent plus de subir la discrimination. Il ne faut plus les prendre pour ces êtres nonchalants et passifs qu’on peut facilement endormir à coups de promesses jamais concrétisés. « Nous revendiquons le droit au travail et l’arrêt des poursuites judiciaires contre les chômeurs », a confirmé à ce sujet le représentant de Ouargla au Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), Abdelmalek Aibek.
A Ouargla, il y a aura donc un avant et un après 14 mars. Les habitants ont pris conscience que la mobilisation paie puisque leur appel à la protestation a poussé le gouvernement à se réveiller de sa léthargie et à prendre des mesures concrètes pour améliorer le quotidien de ces algériens longtemps considérés comme des citoyens de seconde zone. Le combat n’est, certes, pas fini. Mais il a d’ores et déjà donné un large écho. Les cris de colère des jeunes Ouargla ont sérieusement secoué les cabinets de nos décideurs situés sur les hauteurs d’Alger.