Les 5 accompagnateurs algériens de l’otage français assassiné en Kabylie parlent enfin. Accusés d’avoir hébergé un ressortissant français sans le déclarer aux autorités, les 5 compagnons d’Hervé Gourdel ont été placés sous contrôle judiciaire. Oussama D., âgé de 23 ans, a décidé de révéler à la presse les détails de cette tragique randonnée.
Ce jeune algérien originaire de Boufarik, à 40 Km d’Alger, est un amateur d’escalade. Propriétaire d’un magasin d’accessoires informatiques, il avait entretenu via Internet une longue amitié avec Hervé Gourdel, avec lequel il partageait également une passion pour la photographie. Membre d’un club d’escalade, Oussama ne s’attendait guère à ce que leur escapade en Kabylie vire à la tragédie. « Nous n’avons jamais pensé qu’un mal puisse nous arriver dans cette région », a-t-il confié à un journaliste du quotidien arabophone Echorouk. « J’ai personnellement bivouaqué à maintes reprises dans les environs de Tikdja et d’Aït Ouabane. Je n’ai jamais été victime d’une agression ou d’une quelconque attaque terroriste. Moi et mes compagnons, nous avons toujours pensé que cette région était sécurisée », indique-t-il dans son témoignage.
Un témoignage qui sera certainement utile pour comprendre les circonstances de l’enlèvement de Hervé Gourdel. Selon Oussama, le ressortissant français est arrivé le 20 septembre dernier à Alger. Conformément à leur programme, ils ont d’abord visité Tikdja, où ils ont dormi la nuit précédant l’enlèvement. Le lendemain, à bord d’un véhicule emprunté à une agence de location, ils se sont rendus à Aït Ouabane pour bivouaquer dans cette vallée de haute montage qui attire les randonneurs pour les grottes pittoresques qu’elle abrite. Au lendemain de leur arrivée à Tikdja, Hervé et ses compagnons algériens préparent leur matériel d’escalade et se dirigent à 9 H du matin vers la foret d’Aït Ouabane pour entamer leur randonnée.
« Et c’est là que nous avons été surpris par un groupe armé qui nous a encerclés. Nous n’avons même pas eu le temps de comprendre comment ces terroristes ont pu nous retrouver au milieu de la forêt. Ils n’ont demandé ni nos pièces d’identité ni nos portefeuilles pour nous prendre de l’argent. Ils ont pris Hervé en prétextant qu’ils sont au service du Khalife de Bagdad. Nous n’avons pas voulu abandonner notre ami. Nous avons supplié les terroristes de le relâcher. Nous avons même manifesté notre colère et nous nous sommes accrochés avec les hommes armés pour les empêcher de le prendre en otage. Mais en vain, ils étaient plus forts et armés », raconte Oussama qui s’est attardé aussi dans son témoignage sur la panique d’Hervé Gourdel au cours de ces instants-là. Oussama et ses compagnons algériens ont ensuite été chassés par les terroristes. Le jeune Algérien jure qu’ils n’ont jamais été détenus par les terroristes de « Jounoud El Khilafa ».
Aujourd’hui, Oussama confie que la perte de son ami Hervé le traumatisera durant le reste de sa vie. « D’un simple ami, je suis devenu un suspect. J’ai donné mon téléphone portable et mon ordinateur portable aux services de sécurité qui enquêtent sur ce crime barbare. Je suis innocent et mon innocence sera prouvée. J’espère me relever un jour de cette épreuve douloureuse », affirme Oussama, qui aurait rêvé que son ami Hervé soit encore en vie, pour qu’il puisse lui faire visiter Boufarik et la Casbah d’Alger.