Pétrole algérien, médicaments, échange… l’étrange djihad en Tunisie

Redaction

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Le djihad, ce mot ne cesse de faire les gros titres de la presse maghrébine. Les enquêtes se multiplient autour de ce mouvement djihadiste qui plane comme une menace au-dessus de la Tunisie. Le site d’informations tunisien Nawaat a publié le 8 mai un article dans lequel il révèle que l’Algérie avait prévenu les autorités tunisiennes de ces agissements. 

Tout le monde parle de cet échange : pétrole contre médicaments. Des contrebandiers algériens auraient négocié avec des combattants tunisiens affiliés à Al Qaida un compromis, dans lequel ils échangeraient du carburant algérien contre des médicaments dans le Mont Chaambi, au nord-ouest de la Tunisie. Cette révélation est le fruit d’une longue enquête menée par le site Nawaat, qui aurait été informé par un agent algérien du DRS. Il semblerait que cet échange soit actif depuis un certain temps à la frontière algéro-tunisienne.

Grâce aux investigations mises en place par l’Algérie dans cette région frontalière avec la Tunisie, cette supercherie aurait été découverte. Tout un trafic aurait permis aux combattants djihadistes d’être approvisionnés grâce à des trafiquants algériens. Alors que ces derniers demandaient des médicaments en échange, ils ont fourni du carburant, mais aussi des produits de première nécessité à ces membres d’AQMI.  « Des barons de la contrebande ont exploité l’absence de l’Etat, la faiblesse du contrôle sécuritaire dans les zones frontalières », est-il précisé dans l’article de Nawaat. Grâce à cet approvisionnement les djihadistes ont pu se positionner dans la région.

L’action manquée de la Tunisie

L’enquête de Nawaat est très détaillée. Elle explique que tandis que les deux pays ont maintes et maintes fois évoqué le renforcement de la sécurité sur cette frontière, il semblerait que des enjeux supérieurs aient entravé ce projet. Des camps djihadistes se sont installés dans cette région alors que cela aurait pu être évité. L’Algérie aurait même donné un signal d’alerte en vain, la Tunisie n’a pas agi, laissant le champ libre pour ces groupes de combattants. « Or, les autorités tunisiennes n’ont pas pris l’initiative de démanteler ces camps et ont ignoré les avertissements algériens, ce qui a poussé Alger à intensifier son travail de renseignement dans la région, mobiliser les troupes de l’armée et de la gendarmerie algériennes aux frontières et installer un pôle sécuritaire opérationnel sur place», aurait précisé l’agent au site tunisien. Et d’ajouter, que l’Algérie avait fourni tous les détails nécessaires pour débusquer ces groupes, mais la Tunisie n’a pas agi, bien au contraire. Un témoignage à contre-courant des déclarations du parti salafiste tunisien Ettahrir  qui a accusé, « d’une manière directe, mais sans la nommer », l’Algérie d’être derrière les événements de mont Chaâmbi, en Tunisie, comme l’a rapporté le média tunisien businessnews.

Il devient difficile de comprendre l’inaction de la Tunisie, dont les autorités condamnent fermement ces mouvements et leurs appels au djihad. Contacté par le quotidien El Watan, le journaliste co-auteur de l’enquête explique cette attitude par un « manque de volonté politique, ce qui est très grave vu que la situation risque de déstabiliser les deux pays, et il est d’ailleurs criminel d’avoir laissé la situation empirer, menaçant l’Algérie et la Tunisie. »