L’Algérie est prête à casser sa tirelire pour s’offrir un nouveau siège de Parlement. Un nouveau siège où le luxe rivalise avec le prestige. Après la consultation restreinte lancée en 2012 par les autorités algériennes, plusieurs grandes entreprises de BTP dans le monde et des cabinets d’architectes réputés mondialement ont formulé des propositions pour remporter ce marché estimé entre 450 et 600 millions d’euros, a-t-on appris de plusieurs sources concordantes.
Et parmi les maquettes les plus ambitieuses et les plus futuristes qui retiennent d’ores et déjà l’attention des hauts responsables algériens, on retrouve le projet proposé par le Bureau Architecture Méditerranée (BAM). Ce cabinet français basé à Marseille a dévoilé sur son site internet les plans de sa proposition architecturale. Des plans qui répondent aux conditions et critères fixés par le cahier de charges établi par les autorités algériennes. Celles-ci espèrent, selon nos sources, réceptionner ce nouveaux complexe parlementaire en 2019. Et pour ce faire, le cabinet français BAM n’a pas économisé son imagination pour séduire les autorités algériennes et les convaincre de lui octroyer ce gros marché.
Ainsi, dans ces nouveaux plans, il est proposé de construire un superbe bâtiment qui abritera l’Assemblée Populaire Nationale, le Conseil de la nation (Sénat), la Salle des séances (Congrès) et un Hôtel Résidence pour les députés algériens. Ce futur complexe « s’ordonnera donc sur une place majestueuse, développée sur les plus grandes dimensions permises par le site. Les édifices y seront d’importance mais d’abord par l’espace libre qu’ils définissent et désignent », nous apprend encore à ce sujet le Magazine de l’architecture du Maghreb et du Monde Émergent.
S’étendant sur une surface qui dépassera les 210 000 m2, le futur complexe parlementaire algérien se distinguera par plusieurs coupoles, des façades de verre et des cours intérieures qui seront « protégées par des feuilles d’or enchâssées dans des plaques de verre ou par des feuilles d’albâtre ». Des jardins, des fontaines en miroirs colorés par les mosaïques des bassins et une végétation luxuriante, tout sera fait pour que les députés algériens jouissent d’un environnement architectural des plus rutilants et modernes avec notamment des équipements de contrôle climatique et lumineux issus des technologies les plus contemporaines.
Superbe, magnifique ou extraordinaire, les qualificatifs manquent pour décrire le nouveau siège du Parlement qui sera construit à Alger au niveau du quartier des Fusillés. Seule ombre au tableau : nos députés ne jouissent d’aucune légitimité populaire et le parlement algérien ne pèse nullement dans la vie politique algérienne. Généreusement rémunérés, nos députés n’ont guère trouvé de solutions aux problèmes qui entravent les Algériens au quotidien. Leur méconnaissance et ignorance des lois de notre pays et des articles de la Constitution a choqué l’opinion publique à de nombreuses reprises. Leur absence dans les débats qui animent notre société continue de soulever de nombreuses questions sur leur légitimité. Nos députés méritent-ils autant de luxe dans un nouveau parlement qui risque fort de ne pas se différencier politiquement de l’ancienne institution qu’il veut remplacer ou faire oublier ?