La justice algérienne complice face aux menaces de mort ?

Redaction

En Algérie, les menaces de mort sont devenues la nouvelle arme d’intimidation utilisée par des bandes mafieuses ou des dirigeants politiques pour réduire leurs adversaires au silence. Un procédé qui prend une ampleur inquiétante, sans que la justice algérienne ne puisse intervenir pour protéger les victimes.

Des victimes abandonnées à leur désarroi face aux auteurs de menaces de mort. Des auteurs souvent puissants, influents et que personne n’arrive à toucher, tellement ils bénéficient d’un réseau de protection au sein des services de sécurité ou au sommet de la hiérarchie du pouvoir. Le samedi 21 décembre 2013, Halim Feddal, secrétaire général adjoint de l’Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC) a été menacé de mort par téléphone, suite à une affaire de spoliation de foncier dans la wilaya de Chlef où il réside.  « Le numéro de téléphone était connu, j’ai porté plainte le lendemain 22 décembre 2013, au niveau de la sûreté urbaine d’ Ouled Mohammed Chlef, et j’ai communiqué le numéro de téléphone de celui qui m’a menacé pour l’identifier », explique-t-il à ce sujet.

Mais malgré cette plainte et tous les renseignements communiqués, la justice n’a rien pu faire pour remonter jusqu’à la personne qui voulait attenter à la vie de Halim Feddal. « Neuf mois plus tard, aujourd’hui [12 août 2014], j’ai reçu une convocation de la police judiciaire pour me notifier que le Procureur de la République a classé l’affaire, faute d’identification de la personne incriminée », confie encore Halim Feddal. La plainte n’a donc servi absolument à rien.

Ce militant anti-corruption aurait pu être assassiné si l’auteur des menaces de mort les avait mises à exécution, puisque la justice n’a fait aucun effort pour l’appréhender. Et pourtant, identifier un numéro de téléphone en Algérie n’est guère une « mission impossible », au regard des moyens technologiques dont disposent les équipes de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale algérienne.

La justice est-elle donc complice ? La question se pose sérieusement car sa passivité face à ces procédés criminels est étonnante. La récente affaire de Benyoucef Mellouk, l’ancien cadre du Ministère de la Justice, lui-aussi menacé de mort, relance plus que jamais le débat sur l’attitude incompréhensible de notre justice. Une vingtaine d’années après l’affaire des “magistrats faussaires” et des “faux moudjahidines”Benyoucef Mellouk vient d’être ciblé par des “menaces de mort” suite à ses récentes déclarations dans les médias au sujet de cette même affaire. Et là encore, aucun juge n’a bougé le petit doigt. Quant aux services de sécurité, on ne comprend toujours pas comment leurs enquêtes sont menées dans ces affaires. Décidément, la vie des militants de la démocratie, partisans du changement et autres acteurs de la société civile non appréciés par les autorités algériennes vaut moins que celle des citoyens « ordinaires »…

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