Cinq chansons pour les meetings du futur candidat Bouteflika

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Abdelaziz Bouteflika meeting

Quelles musiques pour les candidats à la présidentielle de 2014 ? Mélomane, la rédaction d’Algérie-Focus a identifié cinq chansons qui pourraient servir la campagne d’Abdelaziz Bouteflika. Sérieux s’abstenir.

A l’heure où les déclarations de candidature pour la présidentielle 2014 se multiplient, le suspense plane toujours sur une participation d’Abdelaziz Bouteflika. D’un côté, Amar Saadani répète que le président sera bel et bien au rendez-vous d’avril. De l’autre, une musique de fond se fait entendre sur la volonté du chef de tourner la page.

En parlant de musique, Algérie-Focus.com a voulu se rendre utile en concoctant une playlist pour le futur candidat. Cinq chansons qu’un Abdelaziz Bouteflika pourrait utiliser pour sa déclaration de candidature, sa campagne, ses meetings et autres déplacements. C’est gratuit, c’est cadeau, c’est offert par la maison.

1. Il suffira d’un signe, Jean-Jacques Goldman

La chanson de Jean-Jacques Goldman sonne comme une promesse. Celle de lendemains meilleurs provoqués par un déclic :

Il suffira d’un signe, un matin / Un matin tout tranquille et serein / Quelque chose d’infime, c’est certain

Dans sa chanson, Jean-Jacques Goldman s’adresse à un interlocuteur déterminé qu’il veut convaincre de sa toute puissance à venir :

Tu ris mais sois tranquille un matin / J’aurai tout ce qui brille dans mes mains

Le refrain sonne comme un slogan révolutionnaire :

Le moment viendra tout changera de place

Le reste de la chanson délivre un message politique. Mieux que ça, un programme de gouvernance :

Plus de faim de fatigue des festins / De miel et de vanille et de vin
Nous ferons de nos grilles des chemins / Nous changerons nos villes en jardins

Au FLN, le « signe » chanté par Goldman pourrait être la déclaration d’Abdelaziz Bouteflika. Attendue par ses partisans, au premier rang desquels Amar Saadani qui assure que le chef de l’Etat concourra pour un quatrième mandat, cette candidature est aussi réclamée par les partis alliés comme le RND de Bensalah et le TAJ de Ghoul.

A noter qu »Il suffira d’un signe » est sortie en 1981. Cette année-là, Abdelaziz Bouteflika quittait la scène politique algérienne pour six ans d’exil.

2. Eye of the Tiger, Survivor

Plus entraînante, plus punchy : la bande originale de Rocky 3, chantée par le groupe Survivor aka Survivant. C’est Sylvester Stallone lui-même qui charge les musiciens de composer la BO. La chanson doit coller au scénario du film.

Rocky, champion du monde riche et respecté, s’est installé dans une vie bourgeoise. Il néglige les entraînements car il sait que ses combats sont gagnés d’avance. D’ailleurs, il reste invaincu et défend sans peine son titre. 10 fois de suite. Mais un jeune boxeur plein d’ambition décide de le défier. Lang parvient rapidement à devenir le challenger numéro 1 en écrasant tous ses concurrents. A la retraite, Rocky se décide à remonter sur le ring.

Dans le film, Eye of the Tiger accompagne les entraînements du champion. Le titre du morceau fait référence à la tâche derrière les oreilles du tigre. Une marque en forme d’oeil qui sert à tromper les prédateurs et réduire le risque d’attaque dans le dos. Cette tâche symbolise aussi la mort. Car avant que le tigre n’attaque, il tourne ses oreilles face à sa proie. Par conséquent, lorsque quelqu’un voit ces « yeux », c’est que le tigre est sur le point de lui sauter dessus.

La symbolique de la chanson, tout comme celle du film, conviendrait en tous points à une quatrième candidature d’Abdelaziz Bouteflika. Le « tigre » pourrait « remonter sur le ring » pour signifier aux « jeunes » ambitieux que son temps n’est pas fini.

A noter qu »Eye of the Tiger » sort en 1982. Cette année-là, Abdelaziz Bouteflika est poursuivi par la Cour des comptes pour détournement des fonds de différentes chancelleries algériennes à l’étranger. Dans sa biographie officielle, lui se dit la cible de la politique de « déboumédiènisation. »

3. Survivor, de Destiny’s Child

Plus moderne, l’hymne des Destiny’s Child accompagnerait parfaitement les meetings du candidat. Le message ? « Je suis plus forte sans toi, sans vous ». Cela pourrait ressembler à un discours de rupture amoureuse, mais détrompez-vous. Beyoncé Knowles, leader des Destiny’s Child, a écrit cette chanson après la défection de trois membres de son groupe. Une façon de leur signifier qu’elles n’étaient pas indispensables. Beyoncé leur crie (en anglais) :

I’m a survivor / I’m not gonna give up / I’m not gonna stop / I’m gonna work harder
I’m a survivor / I’m gonna make it / I will survive / Keep on survivin’

Ce qui donnerait en français :

Je suis une survivante / Je n’abandonnerais pas / Je ne vais pas m’arrêter / Je travaillerais dur
Je suis une survivante / Je parviendrais à le faire / Je survivrais /Je continue à survivre

Le clip de « Survivor » raconte le naufrage de Beyoncé et ses amies. Sur une île déserte, elles se battent contre les éléments, hostiles. Jusqu’à leur sauvetage par un hélicoptère – visiblement – de l’armée. Elles-mêmes arborent des tenues militaires dans l’une de leurs chorégraphies. Toute similitude avec l’Algérie ne serait que fortuite.

Réutiliser une chanson de Beyoncé serait un symbole fort. La chanteuse la plus puissante des Etats-Unis a apporté son soutien à Barack Obama lors du dernier scrutin. Son titre pourrait faire office de vernis démocrate dans la campagne de Bouteflika.

A noter que « Survivor » est sortie en 2001. A cette date, Abdelaziz Bouteflika entamait la deuxième année de son premier mandat, marqué par la loi de Concorde civile.

4. Si j’étais président, Gérard Lenorman & Les Gipsies

Un titre de 1975 … qui se paye une nouvelle jeunesse en 2011 ! Telle est l’histoire de « Si j’étais président », tube de Gérard Lenorman ressorti il y a deux ans en version duo flamenco par Chico et les Gipsies. Dans le texte initial, Gérard Lenorman s’adresse à un enfant. Et lui promet monts et merveilles :

Si j’étais Président de la République / Jamais plus un enfant n’aurait de pensée triste

Plus drôle, Gérard Lenorman garantit des nominations fantaisistes au sein de l’exécutif :

Je nommerais bien sur Mickey premier ministre / De mon gouvernement, si j’étais président

Simplet, Tintin, Picsou, Zorro, Minnie, Tarzan, Bécassine et Maya l’abeille siègeraient aussi au Conseil des ministres. Peut-être une façon de signifier que l’instance ne sert à rien, ce que le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal a reconnu en d’autres termes à la fin de l’été.

Beaucoup moins sympa en revanche : Gérard Lenorman ne serait pas un président démocrate. D’une, il achèterait la paix sociale par des sucreries. De deux, il interdirait toute opposition. De trois, il garantirait une impunité totale à ses proches :

Je déclarerais publiques toutes les patisseries / Opposition néant, si j’étais Président
Si t’étais Président de la République / Pour nous, tes p’tits copains, ça s’rait super pratique / On pourrait rigoler et chahuter sans risques / On serait bien contents si t’étais Président

Seul hic : Gérard Lenorman ne veut pas vraiment être président. « Ne comptez pas sur moi pour faire de la politique » prévient-il à la fin de sa chanson.

A noter que « Si j’étais président » sort la première fois en 1975. Abdelaziz Bouteflika est alors ministre des Affaires Etrangères sous Boumédiène. Lors de la réédition de la chanson en 2011, Abdelaziz Bouteflika avait déjà entamé son troisième mandat de président.

5. Dima Wakfin, de Nedjma

Ok, ce n’est pas une chanson à proprement parler. Une campagne publicitaire plutôt. Mais le message est fort et connu de tous :

Rabhin wella khasrin, maâkoum dima wakfin, maâk yal Khedra lel Mondial rayhin.

En français :

Que l’on perde ou l’on gagne, nous sommes toujours à vos côtés, avec les Verts nous irons au Mondial.

La campagne lancée par Nedjma en février 2013 se voulait comme un appel du coeur et un message de fidélité envers l’équipe nationale. Sauf qu’en réalité, l’équipe nationale représente bien plus qu’elle-même. C’est un symbole, presqu’au même titre que le drapeau et l’hymne « Kassaman ». Au lancement du clip, le directeur général de Nedjma déclarait :

Comme elle l’a toujours fait, Nedjma restera aux côtés de l’équipe nationale pour partager avec elle ses moments difficiles, mais surtout le meilleur que nous réserve l’avenir.

Un discours que pourrait réutiliser Abdelaziz Bouteflika, promettant aux Algériens de rester à leur côté, façon comédie romantique et serment de mariage :

Moi, déclare te prendre, toi Algérie, pour épouse légitime, à partir de ce jour, pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse et dans la pauvreté, dans la santé et dans la maladie, pour t’aimer et te chérir jusqu’à ce que la mort nous sépare.

Blague à part, le message de Nedjma raisonne dans le coeur de tous les Algériens car il fait référence à la fierté algérienne de garder la tête haute quelles qu’en soient les circonstances. « Dima wakfin » comme le scande le clip. Ce que La Pasionaria espagnole exprimait en ces termes :

Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux.

A noter que lors de la sortie de ce clip, Abdelaziz Bouteflika venait de destituer Abdelaziz Belkhadem à la tête du FLN. Deux mois plus tard, le président était à nouveau hospitalisé en France suite à une attaque cérébrale.

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