Le mouvement Barakat ! appelant au retrait de la candidature du Président Abdelaziz Bouteflika transcende les frontières nationales puisque les Algériens de l’étranger, à l’image de la diaspora vivant à Londres, se mobilisent à leur tour.
« Y en a marre de ce pouvoir, y en a marre, y en a marre ! » Une cinquantaine de Londoniens sont descendus samedi dans la rue pour protester contre le gouvernement … algérien. Né à la suite de la déclaration de candidature du Président Abdelaziz Bouteflika, le mouvement Barakat !, qui s’oppose au régime algérien dans les rues d’Alger, de Constantine, de Béjaïa et ailleurs dans le pays depuis début mars, affrontant à chaque rassemblement des cordons sécuritaires violents, a fait des émules à l’étranger. C’est notamment le cas en France, en Amérique du nord et au Royaume-Uni. Si certains Algériens de l’étranger s’engagent auprès d’un candidat, une partie d’entre eux se rangent dans le clan des boycotteurs du scrutin du 17 avril.
Installé à Londres depuis plusieurs années, les membres d’Algeria Solidarity Campaign (ASC), l’association qui a organisé le sit-in de samedi, en soutien à Barakat !, n’ont pas perdu attache avec leur pays d’origine. « On est Algérien quelque soit l’endroit où nous vivons », lance d’emblée Amine Mouffok, responsable de la communication d’Algeria Solidarity Campaign. « Les Algériens d’Algérie nous disent souvent : « Si vous voulez changer l’Algérie, revenez au pays ». Mais la première question que nous tous Algériens devrions nous poser, est d’ordre moral. Il faut se dire : « Est-il plus honorable et vertueux de croiser les bras sans rien faire ou plutôt d’apporter sa modeste contribution pacifique et constructive si on estime que notre peuple souffre d’injustices multiples aux mains d’un pouvoir autoritaire », renchérit ce responsable.
C’est donc pour contribuer à distance à « un changement démocratique, pacifique mais radical du régime algérien » que ces Londoniens ont investi le trottoir face au consulat algérien samedi. « Nous avons choisi ce lieu car il y a toujours beaucoup de monde week-end pour régler sa situation d’état civil. Ça nous a permis de donner plus de visibilité à notre manifestation », explique Amine Mouffok. Sur leur pancartes, bannières et communiqués, des messages politiques hostiles au Président-candidat rédigés en anglais, en arabe et en français. Car, outre la diaspora algérienne, ces militants entendent interpeller l’opinion publique britannique. « L’Algérie, pour diverse raison, n’est pas un pays dont on parle beaucoup au Royaume-Uni, sauf dans des cas comme l’attentat dramatique d’In Amenas », regrette-t-on à Algeria Solidarity Campaign, fondé en 2011, peu après le déclenchement des révoltes en Tunisie et en Egypte, par un groupe d’étudiants et de professionnels algériens.
Le 17 avril prochain, les membres d’Algeria Solidarity Campaign feront partie des boycotteurs de l’élection présidentielle algérienne. « Quasiment toutes les élections depuis 1962 sont truquées« , soutient Amine, « il est tout simplement immoral de tromper les Algériens en les encourageant à voter, puisque les résultats de ces pseudo-élections sont déjà programmées. Ces élections ne seront qu’un outil de pouvoir pour perpétuer le statu quo car il n’y a aucune garantie pour qu’elles soient libres et transparentes ». Ils prévoient d’ici le prochain scrutin de se rassembler à nouveau pour contrer la candidature d’Abdelaziz Bouteflika