La dépêche APS, qui annonçait mardi la convocation du corps électoral le 16 ou 17 janvier, comporte une expression qui jette le doute sur l’avenir présidentiel de Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé au Val-de-Grâce depuis lundi. Cette simple visite médicale « routinière » a-t-elle nécessité l’application de l’article 88 de la Constitution ?
Une expression glissée dans la dépêche APS, annonçant la convocation du corps électoral, a semé le doute dans l’esprit des journalistes et des observateurs de la vie politique algérienne sur l’avenir présidentiel de Abdelaziz Bouteflika. Publiée mardi, en fin de matinée, la dépêche APS indiquait que le corps électoral sera convoqué par le Président « entre le 16 et le 17 janvier en cours », « sauf cas de force majeure ».
Cette nuance aurait pu passer inaperçue si une seconde dépêche, annonçant cette fois l’hospitalisation du Président Abdelaziz Bouteflika au Val-de-Grâce à Paris depuis lundi, n’avait pas été publiée quelques heures après la première. Dans cette seconde dépêche, l’agence de presse reprend un communiqué de la Présidence pour expliquer que Abdelaziz Bouteflika effectue une visite médicale « routinière ». En somme, il n’y a pas lieu de s’alarmer.
La convocation du corps électoral aura-t-elle bien lieu à la date prévue ?
Mais le bémol ajouté dans la première dépêche laisse penser que l’état de santé du Président s’est probablement détérioré ces derniers jours et qu’en réalité il ne s’agit pas d’une visite médicale « routinière » mais que le chef d’Etat subit une batterie d’examens plus importants, voire que son pronostic vital serait en jeu. Si tel était le cas, l’article 88 de la Constitution, prévoyant l’empêchement du Président, doit être appliqué. L’article 88 stipule : « Lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement. » Cette expression, « en cas de force majeure », remet surtout en question l’assurance de la convocation des électeurs le 16 ou 17 janvier.
Mais alors, d’où vient ce couac ? Des bureaux de la communication du palais d’El Mouradia ? Pour éteindre la polémique, le directeur de l’APS, Abdelhamid Kacha, a expliqué que l’auteur de la dépêche a ajouté de son propre chef cette expression : Concernant la mention « cas de force majeur » citée dans la dépêche sur la convocation du corps électoral, c’est une lecture du journaliste qui n’a pas repris in extenso tous les articles de la loi tels que rédigés (sans préjudice des dispositions etc.). Dans le communiqué de la présidence (relatif à la l’hospitalisation du Président) il n’est question que de l’hospitalisation pour contrôle médical. Il n’y a aucun lien entre les deux, ni « directive comme certains peuvent le supposer », se défend-il sur le site El Watan 2014. De quoi faire taire la polémique ?