A peine reconduit, Abdelaziz Bouteflika songe déjà à son agenda. Incapable de mener sa propre campagne électorale et se sachant illégitime, le chef de l’Etat va tenter de faire des « gestes » en direction de la classe politique en tentant notamment de faire des propositions concrètes.
A commencer par une révision de la Constitution qui « donnera plus de place à l’opposition » et consacrera « le respect des Droits de l’Hommes », rapportent certains soutiens du chef de l’Etat. Selon plusieurs sources, le chef de l’Etat va annoncer, par le biais d’un communiqué ou par l’intermédiaire d’un de ses collaborateurs, une révision de la Constitution. Amar Saadani, secrétaire général du FLN annonce, dans un court entretien accordé au site TSA, que la révision de la Loi fondamentale interviendra lors de la session d’automne du parlement. L’amendement qui sera porté au texte concerne notamment les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. On susurre dans l’entourage du chef de l’Etat que, désormais, le parlement pourra interpeller directement le gouvernement sur des questions précises. Plus que cela, les députés pourront, théoriquement, révoquer un membre du gouvernement. La nouvelle constitution abordera également la question de la chefferie de gouvernement qui reviendra, en principe, au parti sorti vainqueur d’élections législatives. Le Premier ministre sera donc comptable devant les parlementaires.
Le chef de l’Etat s’efforcera, également, de « renforcer » les pouvoirs du Sénat pour en faire une chambre parlementaire à part entière. Parce qu’il appelle, à travers notamment Amar Saadani, à la fondation d’un « Etat civil », Abdelaziz Bouteflika veut définir les rôles des services de renseignement dans le paysage institutionnel. Après l’adoption de cet amendement, on se dirige, selon certaines sources, vers des élections législatives anticipées. Un nouveau geste que le chef de l’Etat veut faire en direction d’une classe politique qui met en cause l’actuelle représentation nationale. A l’intérieur du gouvernement, un scénario se dégage. En plus du maintien de Abdelmalek Sellal en tant que Premier ministre, de nouveaux visages vont faire leur apparition. Certains « anciens » vont être mis au placard.
Mais cela dépend de la santé du chef de l’Etat et, surtout, des équilibres dans le système. Car, il faut s’attendre à ce que tous ceux qui ont fait la campagne du chef de l’Etat attendent le retour de l’ascenseur.
Essaïd Wakli