Le staff de campagne d’Abdelaziz Bouteflika accuse l’équipe d’Ali Benflis d’être derrière les débordements qui ont perturbé les meetings en région et en France des ministres du gouvernement, qui font campagne pour le Président-candidat. La direction de campagne d’Ali Benflis dément.
Des chaises cassées à Tébessa, des pancartes et des slogans « Non à un 4è mandat » à Boumerdès, des insultes à Marseille … L’accueil réservé en région et en France aux ministres du gouvernement, qui mènent la campagne présidentielle à la place d’Abdelaziz Bouteflika, notamment Amar Ghoul, Amara Benyounès et l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, est glacial depuis le lancement officiel de la campagne. Encore hier à Tizi Ouzou, le meeting animé conjointement par les ministres du Développement industriel et des Transports s’est déroulé sous haute tension.
La direction de campagne d’Abdelaziz Bouteflika a réagi mardi dans un communiqué de presse, en accusant « un certain candidat » d’avoir manipulé les jeunes pour « saboter » les meetings des représentants d’Abdelaziz Bouteflika sur le terrain. « Des individus, affichant leur soutien à un certain candidat, se manifestent insidieusement dans les espaces où sont animés des meetings du candidat Abdelaziz Bouteflika, tentant, par des actes inadmissibles, de saper la sérénité et l’esprit de fête qui caractérisent à chaque fois ces rencontres », déclare le staff d’Abdelaziz Bouteflika dans ce communiqué.
Benflis dans le viseur
Mais qui vise-t-il réellement dans ce communiqué ? Interrogé sur l’identité du candidat derrière ces « dépassements », la direction de campagne refuse de nommer expressément Ali Benflis mais laisse clairement entendre que les éléments de leur principal rival sont responsables. « Vous avez vu quel visage était sur les affiches de ceux qui sabotent nos meetings », répond Madjid Bekkouche, chargé de presse dans le staff d’Abdelaziz Bouteflika, qui appelle à « l’apaisement ». « Nous ne désignons aucun responsable car nous ne voulons pas que la situation s’envenime. Nous appelons au calme. Malgré les incidents, nous ne dérogerons pas à notre éthique politique », assure ce responsable, joint par téléphone, qui dit « ne pas craindre » la marche anti-4è mandat prévue le 6 avril prochain à Paris en marge du meeting d’Amar Ghoul et Amara Benyounès.
« Des attaques aberrantes et infondées »
De son côté, le staff d’Ali Benflis parle d' »attaques aberrantes et infondées ». « Les proches d’Abdelaziz Bouteflika doivent chercher des explications à ces débordements dans le marasme de la population algérienne », réplique Haitham Rabani, conseiller d’Ali Benflis. « Et si les manifestants qui ont chahuté les ministres au cours de leurs déplacements en région et à l’étranger tenaient des affiches d’Ali Benflis, ça ne veut pas dire nécessairement qu’il s’agit de nos éléments et de nos militants », renchérit-il, assurant contrôler « parfaitement » ses troupes de militants. « Le mouvement anti-4è mandat est large, il n’est pas composé que de pro-Benflis », défend encore Haitham Rabani, invitant l’équipe du Président-candidat à explorer d’autres pistes et ouvrir une véritable enquête.
Le bureau de campagne d’Ali Benflis en France a également réagi, en démentant à son tour de telles accusations. « Nous dénonçons ces actes anti-démocratiques et ces pratiques d’un autre âge », déclare ce bureau dans un communiqué repris par l’APS mardi. Les partisans d’Ali Benflis, qui disent avoir découvert avec « stupéfaction » ces « incidents », en marge du meeting d’Amar Ghoul et Amara Benyounès à Marseille samedi, affirment « être partisans du débat et de la contradiction dans un climat apaisé loin de la violence et des intimidations ».
Une chose est sûre, après le piratage du site internet de l’équipe de campagne d’Abdelaziz Bouteflika, le hacking de la boîte mail d’une responsable du staff d’Ali Benflis et ces dernières accusations, le ton entre les deux principaux challengers montent d’un cran. Et il reste encore dix jours de campagne …