Qui sont ils?
Six prétendants sont désormais en lice pour l’élection présidentielle du 9 avril prochain. Dans l’indifférence générale, cela revient à l’exploit de tâter le pouls des algériens à ce sujet. La moitié des candidats étant des inconnus, il ne reste plus qu’un mois à ces postulants pour convaincre leurs électeurs. Des électeurs qui ont peut être déjà fait leurs choix de … ne pas voter.
Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti des Travailleurs (PT): « la femme courage »
Issue d’une famille de paysans pauvres, elle est fière d’arborer dans les medias ses origines modestes . Native de la wilaya de Jijel (Est du pays), elle est la première femme algérienne à être candidate à la magistrature suprême en 2004. Depuis que les medias s’intéressent à elle, cette militante d’extrême gauche a fait de » la place et la représentation des femmes dans notre société » son dada. Louisa Hanoune commence à militer dés ses premières année d’université dans des groupes féministes qui manifestent contre le code de la famille.
Après des études de droit à Annaba, elle est membre fondateurs du Parti des Travailleurs, dont elle est toujours le porte-parole. Chez les algériens, elle ne fait pas l’unanimité. Entre l’image de femme courageuse et audacieuse qui défend ses convictions et celle de femme politique moderne, elle est l’ennemi des conservateurs qui la trouvent trop progressiste. Pour enrayer cette image, elle tente de se fondre dans les valeurs de la famille chères aux algériens, au point de ne pas hésiter donner des détails sur son enfance à la télévision.
A contrario sa crédibilité acquise en milieu ouvrier dans lequel elle dit se reconnaître, se consolide aux rythmes des crises, et des grèves. Dans les milieux initiés, sa formation est frappée du sceau de radicale, sectaire et résolument laïque.
Ce qu’en pensent les algériens:
« Elle est coriace de se présenter à chaque reprise malgré les échecs. »
Sihem, pharmacienne
« Je n’imagine même pas qu’elle soit à la tête du pays, ce serait le comble, elle n’en a pas les capacités. »
Redouane , agriculteur
« Je ne voie pas pourquoi dépenser autant d’argent dans les campagnes et conférences, alors qu’elle sait d’ores et déjà qu’elle est hors jeu. »
Cherifa , chimiste
« Sa formation politique est trop radicale, et trop opaque »
Ramzi, enseignant.
« Si je devais voter, je voterai pour elle. Elle dit vrai, elle est réaliste et progressiste, exactement ce qu’il faut. »
Hakim, informaticien
Moussa Touati président du FNA (Front national algérien) « l’hommes des réseaux ».
Originaire de Médéa, ce fils de chaid est l’instigateur en 1988 de la très influente Onec (organisation nationale des enfants de chouhada) dont il perd la paternité pour des raisons de querelles de leader-chip. Qu’a cela ne tienne, cet homme au riche carnet de contactes rebondira en créant la CNEC(coordination nationale des enfants de chouhada. Peu connu du grand public, il a pourtant fait une incursion fulgurante dans la cours des grands en arrivant second aux dernières élections législatives, se plaçant devant le RND (parti de l’alliance présidentielle) et loin devant les partis islamistes . se basant plus sur une politique de réseaux, les algériens le connaissent peu. Ce fin politique incarne malgré cela ,désormais la nouvelle force de l’opposition en Algérie tout en assumant ses entrelacements, amitiés et autres alliances . pour preuve, il prendra tout le monde à contre-pied en 2004 en soutenant la candidature du leader du FLN, Ali Benflis, à l’élection présidentielle.
Ce qu’en pensent les algériens:
« C’est un inconnu au bataillon qui se place deuxième aux législatives, ce doit être le fruit d’alliances et d’accords bilatéraux, dommage qu’on en soit arriver là. »
Lotfi, journaliste
« C’est un nationaliste. Gardien de la souveraineté du pays. Il reste dans la tradition de nos dirigeants révolutionnaires. Un bon gage de continuité. »
Youcef, électronicien.
Ali Fawzi Rebaïne (président de AHD 54) , « l’homme des défis »
Imprégné de la déclaration du 1er Novembre 1954, son programme tourne entièrement autour des idéaux de la guerre de libération. Membre fondateur de la première ligue des droits de l’homme en juin 1985, il sera arrêté à plusieurs reprise durant toute sa carrière politique . Constitution d’associations illégales, confection et distribution de tracts, attroupement non armé, atteinte à l’autorité de l’État par appel à un changement de régime: ce farouche défenseur de l’état de droit semble déterminé à plaider ses idées devant le peuple algérien malgré ses démêlés avec la justice. Partisan de l’importance du citoyen dans la gestion des affaires du pays , les questions afférentes à la société civile, aux syndicats, aux associations socioprofessionnelles, et à la liberté d’expression seront au cœur de la campagne électorale de AHD54.
Insistant sur la réhabilitation des assemblés d’élus , la décentralisation et l’éloignement de l’administration de la politique, il va jusqu’à proposer la suppression du tiers présidentiel du conseil de la nation. En 2004, il est tourné en dérision par certains médias lors des dernières joutes électorales. Le petit poucet des présidentielles comme aimaient à l’appeler certains journalistes, en étonnera plus d’un en réussissant à récolter pour la seconde fois d’affilé les signatures nécessaires pour la candidature à la magistrature suprême repoussant aux oubliettes les idées reçues autour ses capacités à rassembler autour de lui.
Ce qu’en pensent les algériens:
« Ça va trop vite pour lui. Son programme est trop ambitieux. Même les grands candidats habitués aux affaires du pays ne sont pas aussi optimistes. Il devrait s’attarder un peu plus sur les sujets sensibles. »
Houda, ingénieure.
« Il se dit le plus pauvre des candidats. Il a du mérite pour son franc parlé. »
Réda, ingénieur agronome.
« C’est un homme juste. Ses dires ne sont pas juste des paroles en l’air, j’ai déjà eu affaire à lui. »
Nacer, fonctionnaire.
Djahid Younsi (Secrétaire générale d’El Islah), »un islamiste peut en cacher un autre »
Désigné en porte drapeau du courant islamiste par les deux partis de même sensibilité (Islah et Nahda), le Secrétaire général du mouvement El Islah (la reforme) compte bien sur ces dernières élections pour faire une nouvelle percée dans le paysage politique national. Profitant des boycotts à répétitions des démocrates, les islamistes misent sur une forte mobilisation de leurs militants pour se refaire une santé.
Encore très recensé dans les couches populaires, ces partis islamistes misent sur leur sympathisants changer la donne après les échecs subis lors des dernières législatives et la traversée du désert qui s’en est suivie. Consolidés dans leurs fiefs historiques de l’Est du pays, ils démontrent à chaque occasion l’attachement des couches les plus conservatrices à cette sensibilité malgré un rejet général de la politique. Leurs programmes sont plus que jamais encrés dans le refus des plans mondiaux , et le retour aux traditions. Pour exemple, effet d’annonce, ou réelle volonté politique Djahid Younsi à qualifié le projet de l’Union pour la Méditerranée de « tentative de spoliation ».
Ce qu’en pensent les algériens:
« Inconnu au bataillon, les islamistes sont les plus éduqués politiquement. Malgré un désintérêt total des algériens vis-à-vis de politique, leurs sympathisants savent se mobiliser quand il le faut. »
M’hand, Banquier.
Mohamed Saïd ( Parti liberté et justice ,PLJ non agréé), « le candidat non agréé ».
Il dit s’être présenté pour contribuer au soulagement du citoyen dans son quotidien dans la paix. Ayant occupé plusieurs poste à responsabilités dans les différents gouvernements depuis 1982, il connaît bien les rouages du pouvoir. Ancien journaliste , rédacteur en chef dans plusieurs journaux d’expression française et directeur de l’APS, ses talents de communiquant sont reconnus, au point d’être choisi par le candidat Taleb Ibrahimi (entrepreneur de l’arabisation dans les année 60) en qualité de chef de sa cellule de communication en 2004. Il sera membre fondateur du mouvement Wafa initié par l’ancien candidat et non agréé à nos jours.
Qualifié d’islamiste modéré par la presse nationale et totalement inconnu, il prendra tout le monde de cours en réussissant une excellente prestation lors d’une apparition à la télévision algérienne.
Ce qu’en pensent les algériens:
« Il a très bien parlé lors d’une émission de télévision. Très convaincant, il est aussi très cohérent. J’ai été bluffé »
Ahmed, Médecin
Abdelaziz Bouteflika (candidat sortant), « le favori ».
Malgré les tirs groupés de ses opposants , le président sortant est sans nul doute le favori de ces prochaines joutes électorales. Allant jusqu’à l’aduler, ses nombreux comités de soutient reflètent bien sa popularité vis-à-vis du peuple algérien. Sa machine électorale le plaçant de but en blanc loin devant ses adversaires, il en récolte les critiques qui l’accusent de s’accaparer les médias à son compte. Son bilan reste le domaine préféré sur lequel l’opposition tente de l’attaquer.
Un bilan qui malmène lui-même parfois lors de rencontres avec les cadres de la nation, jouant la carte du pragmatisme et de la difficultés des choses. Insistant sur l’importance de la participation des citoyens pour sortir de la crise, c’est un farouche opposant de l’état providentiel dont il fait son cheval de bataille.
Ce qu’en pensent les algériens:
« Contrairement a ce qu’on pensent, la majorité de la population le soutient. Nonobstant la grosse machine de l’alliance présidentielle, et les milliers de comités de soutiens, décriés par ses concurrents il n’en est pas moins populaire dans l’Algérie d’en bas. Il suffit de se rendre dans les villes de l’intérieur pour comprendre. »
Meriem, Géophysicienne.
« Il a beaucoup de courage, mais il faut faire attention à la bataille de trop. Total respect. »
Mohamed, Mécanicien.
« Je voterai pour lui, vu que les autres sont totalement absents. Et ne me dites pas que c’est a cause de la télévision. J’ai essayé de les suivre un par un, ils n’ont rien à proposer ».
Meriem, commerciale.
Kh_louna