Le député FFS (Front des forces socialistes) et militant des Droits de l’Homme, Mostefa Bouchachi, estime que les appels lancés par certaines personnalités politiques pour l’application de l’article 88 de la constitution, relatif à la déclaration d’empêchement, ne sont qu’ «un simple appel pour la consommation populaire plus qu’une réelle demande» ou «une demande lancée aux décideurs et non pas aux responsables qui président les institutions chargées de l’application de la loi».
Selon lui, «si, d’aventure, cette disposition de la Constitution venait à être appliquée, ce ne sera qu’une preuve d’un coup de force et non pas la volonté des responsables de ces institutions d’appliquer la loi». Et pour cause, les responsables des institutions censées activer cet article de loi ne sont pas «indépendants». «Le président du Conseil de la nation est, pour rappel, désigné sur la base de son allégeance au président de la République, de même le président de l’Assemblée n’est désigné que suite à un accord de la Présidence», a-t-il déclaré, dans un entretien paru aujourd’hui sur les colonnes du quotidien francophone «El Watan», avant d’ajouter : «La Constitution renferme des articles que les prérogatives importantes du président annulent. C’est le cas de l’article 88 ; la désignation des membres du Conseil constitutionnel par le chef de l’Etat rend impossible son application».
Pour Bouchachi, le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé à Paris, à l’hôpital militaire de Val de Grâce, depuis le 27 avril, avant d’être transféré à l’hôtel des Invalides, toujours dans la capitale française, environ deux semaines plus tard, «n’assume plus ses obligations constitutionnelles depuis déjà une période assez longue». «L’Algérie est dirigée par un système politique qui n’a aucun respect des lois de la République et de ses institutions», déclare le député. Ce dernier ajoute, dans le même ordre, que les images diffusés par la télévision algérienne, montrant le Chef de l’Etat recevant le Premier ministre Abdelmalek Sellal, ne veulent pas dire que l’application de l’article 88 n’est plus d’actualité. «Lorsque le Conseil constitutionnel est informé que le président de la République est incapable d’assumer ses fonctions, il se doit de vérifier par tous les moyens cette information. Et lorsqu’il en a la preuve, il décrète l’empêchement. Cette institution ne l’a pas fait. Le Premier ministre se déplace à Paris et on attend 24 heures plus tard pour diffuser des images de Bouteflika sans le son. C’est là se moquer de l’intelligence des Algériens. Ces images ne veulent pas dire que l’article 88 s’annule», a-t-il lancé.
En ce qui concerne l’avenir, Bouchachi estime que tout indique que la prochaine élection présidentielle ne sera pas libre et transparente. Selon lui, «ce qui se passe aujourd’hui montre que nous n’allons pas avoir des élections libres». «Je crois qu’avec le statu quo actuel et le maintien du Président dans cette situation et le pays dans cette vacance effective et non légale, on prépare déjà les futurs candidats à la Présidence. Dans ce cas de figure, on se retrouvera devant le scénario d’une élection fermée, où la voix des Algériens ne pèsera pas», a-t-il ajouté.
Elyas Nour