Présidentielle de 2014 : candidats pour les idées ou pour l’argent ?

Redaction

A moins de quatre mois des élections présidentielles d’avril 2014, rares sont les candidats qui osent afficher leurs ambitions présidentielles. Les seuls prétendants qui osent se manifester sont, pour la plupart des hommes (pas de femmes pour l’instant) qui savent qu’ils vont jouer, dans le meilleur des cas, les lièvres.

Malgré l’absence de débat politique sérieux autour de cette échéance politique cruciale dans la vie politique du pays, certains hommes politiques ont « osé » se placer dans l’objectif de devenir, pourquoi pas, président de la République. C’est le cas de l’ancien Premier ministre, Ahmed Benbitour qui a été le premier à se déclarer candidat à la candidature. Car, à ce stade, les prétendants ne concourent que pour être « acceptés » comme candidats. L’enfant de Beni-Yezguen souhaite ainsi prendre de court tout le monde et bénéficier d’une longueur d’avance sur ses concurrents. Benbitour est considéré, malgré tout, comme un « candidat sérieux » qui ne va pas se limiter uniquement à « jouer les seconds rôles ».

C’est également ce statut dont jouissent Abdelaziz Belaïd, Sofiane Djilali et Moussa Touati. Ce dernier était déjà candidat en 2009. Même s’ils ne se font pas d’illusions sur l’issue du scrutin présidentiel, ces candidats ne veulent surtout pas « jouer les lièvres ». Certains d’entre eux, à l’image de Sofiane Djillali, souhaitent même jouer un rôle décisif, comme celui de pouvoir appuyer un autre candidat qui arriverait au deuxième tour pour, probablement, faire perdre le candidat du système, Abdelaziz Bouteflika. Mais cela reste de la science fiction.

Si certains candidats, notamment Ali Benouari, l’écrivain Yasmina Khadra et Rachid Nekkaz, ne trouveront pas forcément de problèmes d’argent dans le cas où leurs candidatures seront validées, les choses ne seront pas forcément aisées pour d’autres prétendants. Car, pour des candidats comme Noureddine Belbaz, Ali Zeghdoud, Loth Bonatiro et d’autres, la question de financement s’imposera. Comment feront-ils, en effet, pour faire face aux énormes dépenses que nécessite une campagne électorale ? En dehors des financements partisans, les financements publics n’existent pas et l’Etat ne rembourse, officiellement, que les frais des candidats qui ont gagné plus de 5% des suffrages. Plus que cela, le remboursement ne se fait qu’à hauteur de 1,5 millions de dinars, alors que cette somme est dérisoire pour une vraie campagne électorale.

La seule possibilité dont disposent ces candidats « sans ressources » pour financer leurs campagnes sont les « dons » des hommes d’affaires. Mais ces derniers ne donnent souvent jamais sans attendre quelque chose au retour. A moins, peut-être d’un blanchiment d’argent, la question reste posée. Ces candidats se présentent-ils, en effet, pour faire connaître leurs idées ou pour bien remplir leurs poches ?

Autre obstacle : tous les candidats doivent trouver soit 600 signatures d’élus, soit 60 000 électeurs, à raison d’un minimum de 1500 citoyens dans 25 wilayates. Cela demande une logistique lourde, qui nécessite non seulement de l’argent, mais également une main-d’œuvre dont ne peuvent disposer que les « candidats partisans » ou les plus nantis d’entre eux. Tout cela converge vers une nouvelle polémique entre l’interférence de l’argent en politique dans le pays.

Essaïd Wakli