Par Salah ZIAD
Les prochaines élections présidentielles d’Avril prochain ne suscitent aucun intérêt pour le commun des citoyens. Le sentiment dominant est qu’elles sont scellées d’avance.
Tout indique que l’actuel locataire d’El Mouradia sera reconduit. Comment ? Avec quel score ? En face de quels concurrents ? Ces questions ne revêtent aucun intérêt, sinon pour un certain nombre de microcosmes très limités. Jusqu’à présent, Fawzi Rabaine, leader d’un parti qui se dégage de son anonymat tout juste à la veille de chaque échéance électorale, a manifesté son intention de se porter candidat. Moussa Touati, qui a lamentablement échoué lors des dernières législatives, se dit intéressé par la candidature aux présidentielles. Ce que d’aucuns interprètent comme suprême insolence. Le FNA (Front National Algérien) traverse actuellement une crise puisqu’il est gagné par la fièvre des redresseurs. Bouacha, leader d’un autre parti politique sans emprise sur la réalité politique nationale a déclaré par voie de presse (une annonce d’un huitième de page sur les colonnes d’El Khabar !!!!) son intention de briguer la magistrature suprême. En matière d’innovation, on ne peut pas trouver mieux. Il y a plusieurs semaines, Ahmed Benbitour, ex chef de gouvernement, a déclaré qu’il ne se porte pas candidat. Il a expliqué les raisons de sa décision, lui qui jouit d’une certaine crédibilité. Tout récemment, Docteur El Khatib, alias colonel Si Hassan, a abondé dans le même sens. Pour rappel, Si Hassan a été un des prétendants qui se sont retirés de la course juste la veille des élections de 1999 quand ils ont compris que le sort du scrutin était décidé à l’avance et qu’ils faisaient de la figuration. Mouloud Hamrouche, un autre nom déterré de temps en temps, s’emmure dans son silence. Sidi Ahmed Ghozali, semble lui aussi convaincu qu’il n’a pas la moindre chance dans les conditions politiques actuelles. Saïd Saadi, reste indécis jusqu’alors. Son parti vit de graves dissensions depuis quelques semaines. Mais Dr Saadi n’ignore certainement pas que le RCD ne peut pas rassembler une centaine de militants à Oran, seconde ville du pays. Que dire donc de l’Algérie profonde. Lamine Zeroual, l’ex président de la République, dont le nom a circulé il y a quelques semaines en tant que candidat potentiel, n’a pas démenti la rumeur. Mais il n’est pas le genre à céder facilement aux pressions que certains de ses proches ont dû exercer sur lui. Ainsi donc, les prochaines élections d’Avril prochain semblent manquer cruellement de candidats. Ce qui explique en partie le peu d’intérêt qu’elles suscitent auprès de la majorité d’algériens. De leur part, une partie de la mouvance islamiste légale tente de se regrouper autour d’un candidat consensuel. Djaballah, qui a perdu son parti, figure sur la tablette de cette alliance encore à enfanter. Ce qui permettrait au cheikh de revenir par un autre biais sur la scène politique dont il a été exclu d’une manière plus qu’équivoque. Autrement, un candidat islamiste n’a pas la moindre chance de se voir hissé à la magistrature suprême. Les conséquences de la décennie du sang sont encore là vivaces……
Même le candidat Abdelaziz Bouteflika ne s’est pas encore officiellement prononcé. Selon son premier ministre, son annonce est prévue en Février prochain. Pourquoi cette tergiversation ? Point d’explication de la part qui se prononcent en son nom, notamment les chefs des partis de l’alliance présidentielle. Après la révision constitutionnelle, qualifié de viol constitutionnel par certains, aucune entrave ne s’oppose à son ambition de diriger le pays cinq ans de plus. Cependant, pour les algériennes et algériens que l’actuel raïs a déjà engagé sa campagne électorale, une campagne qui ne dit pas son nom. Dans ce cadre, on note que la chaîne de télévision officielle a repris la diffusion des reportages sur les grandes réalisations du président Bouteflika. Celui d’hier (vendredi 12 déc.) est consacré à l’EH d’Oran, considéré comme le plus grand hôpital réalisé par l’Algérie indépendante. Ce qui est vrai. A part que cet établissement fonctionne, quatre ans après son inauguration par le président lui-même au ralenti, preuve, pour certains, de la gabegie de gestion de l’Algérie actuelle.
Sauf grande surprise, les prochaines élections présidentielles vont se caractériser par l’absence de campagne. Ou au mieux, une parodie de campagne. A cause de l’absence d’un candidat crédible en mesure de menacer les desseins de ceux qui ont décidé la reconduction de l’actuel chef d’Etat. D’autre part, pour des raisons physiques, Bouteflika est dans l’incapacité d’animer la même campagne que celle de 2004. Sa prestation pour décrocher un second mandat reste unique dans les annales des élections en Algérie. Ce qu’on a tendance à oublier un peu facilement. Donc, la défection populaire, relevée lors des deux derniers rendez vous électoraux, risque de se confirmer encore une fois. Le commun des algériens a encore en tête les primaires entre Obama et Hilary Clinton juste pour décrocher le ticket de candidat du parti démocrate. On se remémore encore l’explosion de la colère « saine » de Ségolène Royal face au candidat Sarkozy lors de leur dernier duel télévisé. Les algériens savent d’avance qu’ils n’auront pas droit à ce type de débats démocratiques. En partie, en raison d’absence d’acteurs …
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