Le procès-verbal d’audition d’Ahmed Ben Bella, établi suite son arrestation après le détournement en octobre 1956 de l’avion qui transportait de Rabat à Tunis cinq dirigeants du FLN, a failli être cédé aux enchères le 30 mai dernier à Toulouse, en France.
La vente a été annulée grâce à l’intervention des archives nationales françaises. Référencé sous le numéro 343-1, le « procès-verbal de l’acte d’inculpation d’Ahmed Ben Bella » a été retiré de la vente in extremis suite à l’intervention du correspondant « objets d’arts » de la police judiciaire de Toulouse. « J’ai reçu ordre des services de l’État de bloquer la vente de cette pièce car elle n’avait pas vocation à se retrouver aux enchères », affirme Marc Labarbe, commissaire-priseur de l’hôtel des ventes de Saint-Aubin, à Toulouse, où devait avoir lieu la vente, cité lundi par le site internet du quotidien régional français « La Dépêche ». Le PV est finalement retourné « en toute discrétion » aux tiroirs des archives français alors qu’il se trouvait « encore entre les mains d’un expert ».
Frappé du sceau « secret-défense » pendant plusieurs années, ce document aurait atterri sur le circuit commercial à l’issue d’un processus de successions « de main en main, probablement dans l’entourage de Robert Lacoste, gouverneur général de l’Algérie en 1956 », ajoute-t-on de même source. L’on ne saura donc pas davantage du contenu de ce document reprenant les propos d’Ahmed Ben Bella transcrits par les agents du contre-espionnage français, la DST, pour lequel « un acheteur potentiel était prêt à dépenser 10000 Euros ».
La révélation du journal français intervient dans un contexte marqué par une guerre médiatico-judiciaire autour du rôle joué par Ahmed Ben Bella, entre autres, durant la guerre de libération. Des déclarations récentes de l’ex-président du RCD, Saïd Sadi, accusant le premier président de l’Algérie indépendante, décédé en avril 2012, d’avoir été un agent des Moukhabarates, les services secrets égyptiens, sont à l’origine de cette polémique sans précédent ayant même donné lieu à une information judiciaire lancée par le parquet d’Alger à l’encontre de l’auteur de ‘Amirouche. Une vie, deux morts, un testament ».