L’Union Européenne fait un constat peu reluisant des réformes politico-économiques en Algérie. Le communiqué de la Commission européenne, relatif à l’élaboration d’un plan d’action dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV) renouvelée, sonne comme un désaveu pour le processus politique actuel.
Et le fait qu’il soit publié, vendredi 27 mars, au lendemain de l’annonce de la non-venue d’observateurs européens en Algérie en vu de la présidentielle du 17 avril a sûrement une signification. A priori, l’UE ne veut surtout pas apporter une quelconque «caution» à cette élection. En effet, durant la semaine, l’Union européenne a indiqué qu’elle ne pouvait pas envoyer d’observateurs en Algérie. L’UE évoque un problème de procédure lié à l’Union elle-même. Cette dernière précise que l’Algérie a déposé sa requête pour l’envoi d’observateurs tardivement. La publication de ce communiqué, jeudi, se veut une réponse indirecte. En effet, la Commission européenne indique, dans ce texte, que «le processus de réforme constitutionnelle n’a pas progressé».
Pas de grand changement en prévision de la révision constitutionnelle
L’UE rappelle qu’une «commission d’experts a remis un rapport au président le 17 septembre. Ce rapport n’est pas public et son contenu détaillé est inconnu, mais les deux principaux points évoqués publiquement sont la création du poste de vice-président et la possible extension du mandat présidentiel de 5 à 7 ans. La plupart des partis de l’opposition s’opposent à toute réforme constitutionnelle avant les élections présidentielles». En somme, les changements, dans la constitution, que veut mener Bouteflika ne constituent aucune avancée pour les réformes politiques en Algérie. «Force est de constater que le processus d’achèvement des dispositions législatives de base par des textes d’application (y compris des décrets d’application) de ces réformes politiques lancées en 2012 est resté lent», ajoute-t-on. L’UE évoque, à ce titre, la nouvelle loi sur les associations qui «restreint la coopération internationale» et «la situation générale en ce qui concerne les droits de l’homme qui n’a pas changé de manière significative en 2013». «On a l’impression d’une absence constante d’indépendance du pouvoir judiciaire et la situation semble s’être détériorée en ce qui concerne la liberté d’association et de réunion (notamment le maintien des obstacles auxquels doivent faire face les syndicats indépendants) et la liberté d’expression (notamment pour les blogueurs). Les femmes sont bien représentées (30 %) au Parlement depuis 2012, mais des dispositions controversées du code de la famille n’ont pas été modifiées», déclare-t-on encore dans ce communiqué.
Economie : Malgré les réserves de change, il y a un risque…
Sur le plan économique, face à des «réserves de change confortables et un faible niveau de dette extérieure» qui «placent le pays en position de force sur le plan financier et lui permettent de résister aux chocs extérieurs», il y a «la forte augmentation des dépenses budgétaires au cours des cinq dernières années, nécessitant un prix du pétrole bien au-dessus de la barre des 100 USD pour couvrir les dépenses budgétisées en 2014», qui «pourrait provoquer des déséquilibres difficilement réparables dans le cas d’un cycle prolongé de baisse des prix du pétrole».
L’UE signale, par ailleurs, que «d’après un rapport publié par l’ONUDC en 2013, le problème de la corruption s’est accentué de manière substantielle au cours des dernières années et, jusqu’à présent, le gouvernement ne s’y est pas suffisamment attaquée».
En somme, un rapport accablant de l’Union Européenne qui explique, on ne peut mieux, sa décision de ne pas envoyer des observateurs en Algérie, afin de ne pas apporter une «caution» à un processus décrié notamment par les médias occidentaux.
Elyas Nour