La prochaine révision de la constitution va certainement apporter de nouveaux aménagements dans l’organisation politique du pays. Des zones d’ombres que contient l’actuelle loi fondamentale vont être éclairées. Mais, l’enjeu majeur se situe essentiellement dans la nature du régime et système politique.
Actuellement, avec les prérogatives « royales » dont jouit le président de la République algérienne, l’Algérie est sous un régime présidentiel fort. Une situation, cependant, contrariée par la présence d’un parlement et d’un Premier ministre. Une situation qui donne donc l’image d’un pays au régime semi-présidentiel. Pourtant, le régime algérien n’est ni le premier ni le second.
Car, les exemples d’un régime « présidentiel » fort ne courent pas les rues dans les démocraties modernes. Le cas le plus connu étant celui des Etats-Unis d’Amérique. Dans ce pays, le président fait office de chef de l’Etat et de gouvernement. Il est élu au suffrage indirecte, en ticket avec un vice-président qui n’a que deux prérogatives : la première est celle de remplacer le président en cas de décès ou d’empêchement. Il a donc la légitimité de terminer le mandat. La deuxième prérogative consiste, elle, en la présidence du sénat pour créer une sorte d’équilibre avec la chambre des représentants dans le cas de conflits sur un projet de loi. Mais le président américain a beaucoup de contre-pouvoirs. A commencer par les deux chambres du parlement et la justice.
L’autre système le plus répandu dans les démocraties modernes est le régime parlementaire. Il s’agit d’une élection législative qui permet l’élection de députés qui, à leur tour, élisent le Premier ministre ou Chef du gouvernement (en Espagne, il se nomme président du gouvernement, en Allemagne c’est un chancelier tandis qu’en Italie, il est qualifié de Président du Conseil des ministres). Ce dernier est le Chef de l’exécutif. Le rôle du Chef de l’Etat (Roi ou Président) est typiquement honorifique. C’est un symbole de la nation qui détient de petites prérogatives permettant souvent de jouer le rôle d’arbitre ou d’éviter l’effondrement de l’Etat. Dans certains pays, comme en Italie, où il y a toujours une majorité relative, le changement de gouvernements sont fréquents et les électeurs sont souvent appelés aux urnes pour arbitrer entre différents partis, créant ainsi une instabilité chronique.
Hormis ces deux régimes, il en existe un troisième. C’est un système hybride. Il existe essentiellement en France. Ce pays a deux têtes de l’Exécutif : un Premier ministre issu de la majorité parlementaire et un Président de la République élu au suffrage universel. Le système atteint cependant ses limites notamment lorsque le chef de l’Etat et celui du gouvernement (appelé aussi Premier ministre) sont issus de partis différents. Dans ce cas-là, appelé « cohabitation », le président de la République devient beaucoup plus « faible ». Il n’exerce que de petits pouvoirs liés notamment à la diplomatie.
Essaïd Wakli