Abdelaziz Belaïd, arrivé 3è de l’élection présidentielle, obtiendra-t-il un portefeuille ministériel ? Le Parti des Travailleurs de Louisa Hanoune, malgré un très faible score à la présidentielle, intégrera-t-il enfin le gouvernement ? Les représentants d’Abdelaziz Bouteflika, la paire Amar Ghoul et Amara Benyounès, seront-ils récompensés ? Eléments de réponse.
Quasi une semaine après le scrutin du 17 avril, la question est sur toutes les lèvres : quelles personnalités et quel partis politiques feront leur entrée dans le nouveau gouvernement, que le Président Abdelaziz Bouteflika nommera prochainement. Les regards se tournent alors naturellement vers Abdelaziz Belaïd, la révélation de l’élection présidentielle. Inconnu aux bataillons avant la campagne présidentielle, Abdelaziz Belaïd a réussi à imposer son parti, le Front Mustakbal, dans le paysage politique algérien. Mieux, le benjamin des candidats, âgés de 50 ans, termine 3è de l’élection présidentielle, avec 3,06% des suffrages exprimés, devançant largement ses aînés, le chef de file de Ahd 54 Ali Fewzi Rebaine (0,99% des voix) et le Président du FNA Moussa Touati (0,56% des voix).
Belaïd, un jeune loup au gouvernement ?
Mais lorsqu’on évoque son ascension fulgurante et une entrée éventuelle dans le gouvernement, Abdelaziz Belaïd préfère botter en touche et mettre en avant l’épanouissement de son mouvement politique. « Pour le moment je suis débordé par les activités de mon parti, les réceptions et les réunions de travail avec les coordinateurs du Front Moustakbal des wilayas », raconte-t-il, soutenant que son objectif premier « est de faire grandir mon parti. Je veux qu’il soit représenté dans chaque APC ». Mais Belaïd n’exclut pas d’intégrer à l’avenir le gouvernement. « Ce n’est pas un refus catégorique mais pour le moment je ne suis pas intéressé », confie-t-il, avouant ne pas avoir « été approché, ni n’avoir reçu de proposition dans ce sens ».
Au Parti des Travailleurs, on aime à rappeler que, depuis plusieurs années, on ne répond pas aux sirènes du pouvoir. « Pendant la campagne on a encore été approché de façon indirect. Les représentants du Président Abdelaziz Bouteflika ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils voulaient voir Louisa Hanoune au gouvernement », rappelle Ramdane Tazidt, responsable de la communication de Louisa Hanoune, au cours de la campagne présidentielle. Mais ça s’était avant l’annonce officielle des résultats du premier tour. Depuis, la marge de manœuvre entre les Travailleurs et le pouvoir est faible, étant donné le maigre score de la patronne, Louisa Hanoune, créditée de seulement 1,37% des votes (soit un peu plus de 140.000 voix). Son pire score depuis 2004. « Le peuple algérien a voté pour la stabilité, pour préserver l’intégrité. il a mis en veille ses revendications démocratiques et sociales face au danger de l’ingérence », justifie le député PT Ramdane Tazidt, joint par téléphone.
Le PT vote pour Sellal
A la recherche d’une légitimité, la formation dirigée depuis plus de 20 ans par Louisa Hanoune réclame la tenue « d’élection législative anticipée ». « L’Assemblée est mal élue, elle souffre d’un déficit de représentativité. Si nous obtenons un bon résultat, voire la majorité durant cette élection anticipée, alors on réfléchira à ce moment à entrer au gouvernement », explique Ramdane Tazidt. En attendant, le Parti des Travailleurs verrait d’un bon oeil la reconduite d’Abdelmalek Sellal au poste de Premier ministre. « Je ne vous cache pas que c’est plus facile de discuter avec lui. Il sait écouter », confie à Algérie-Focus Ramdane Tazidt.
Quel avenir ministériel pour Benyounès ?
Si au PT on fait profil bas, au MPA, on ne cache pas son appétit pour le pouvoir. Le Secrétaire Général du MPA, Amara Benyounès, aura mené de bout en bout la campagne du Président-candidat Bouteflika, distribuant les coups tantôt contre les militants du mouvement Barakat, tantôt contre les sympathisants de l’ennemi numéro un, Ali Benflis. Amara Benyounès « s’est engagé totalement dans cette campagne, animant des dizaines de meetings, y compris à l’étranger », rappelle Djamel Marfa, porte-parole du MPA, contacté par la rédaction. En effet, accompagné de son binôme, le ministre des Transports, Amar Ghoul, Amara Benyounès a effectivement réalisé une tournée en France, passant par Marseille, Paris et Lille.
Après 3 semaines intensives de campagne, au MPA, on attend donc retour sur investissement. « Il est normal qu’après avoir mené une campagne si riche, avec loyauté et abnégation, et mobilisé tous les cadres du parti, que nous soyons représentés au gouvernement Il est fort possible que nous soyons plusieurs cadres du MPA à siéger dans le gouvernement », souhaite ainsi Djamel Marfa. Mais, la direction du parti reste consciente que le dernier mot revient au Président, chargé de formé un gouvernement, après sa prestation de serment. « Nous sommes satisfaits de notre campagne mais c’est le Président qui décide », glisse Djamel Marfa.
Si l’avenir du ministre du Développement industriel dans le gouvernement n’est pas encore clairement dessiné, les cadres de son parti ne veulent pas rater le wagon de la révision constitutionnelle. « Nous militons pour la mise en place d’un régime semi-présidentiel avec l’approfondissement du caractère républicain du système politique algérien et pour donner plus de prérogatives à l’Assemblée nationale populaire », affirme ainsi le responsable de la communication du MPA.
Y aura-t-il vraiment un remaniement ministériel ?
La question se pose vraiment. Rappelons qu’en 2009, après avoir décroché son 3è mandat consécutif, le Président Bouteflika avait reconduit l’intégralité de ses ministres dans leur fonction. En fera-t-il de même cette année ? On est bien parti pour assister à la reconduite du gouvernement, qui gérait le pays avant l’élection présidentielle. Avec, toujours à sa tête, Abdelmalek Sellal. Ce dernier, a clairement laissé entendre, à plusieurs reprises au cours de la campagne, qu’il serait maintenu à au poste de Premier ministre en cas de victoire. Ainsi, à Ghardaïa, alors qu’il était bousculé par une foule de manifestants, le directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika s’était engagé à revenir sur place une fois l’élection présidentielle terminée pour trouver une solution définitive à ce conflit intercommunautaire. Dans ce cas, le véritable remaniement ministériel ne sera opéré qu’une fois la révision de la Constitution actée. Soit après le mois de septembre…