Qu’ont-elles fait les femmes députées pour les Algériennes ?

Redaction

La célébration de la journée internationale de la Femme remet toujours au goût du jour la place des femmes dans la société algérienne. Surtout que, sur le plan politique, d’énormes changements de forme ont eu lieu.

Le débat tourne actuellement autour de la présentation de la femme dans les assemblées élues. Car, à partir de 2012, plus de 150 femmes ont fait leur entrée au niveau de l’Assemblée populaire nationale, constituant ainsi le Tiers des membres de la chambre parlementaire. La polémique qui a suivi cette situation est déclenchée tant par le niveau, jugé médiocre, de certaines femmes parlementaires que par le principe lui-même. Car, c’est uniquement au nom d’une certaine équité (discutable tant que les décideurs eux-mêmes n’ont nommé que très peu de femmes à des postes de responsabilité) que des femmes se sont retrouvées du jour au lendemain des députées à l’assemblée nationale. On retrouve ainsi au niveau de l’hémicycle des coiffeuses, femmes de ménages qui côtoient des enseignantes ou des médecins. En somme, une mosaïque sociale presque parfaite. Mais qu’ont-elles fait ces femmes députées pour protéger les droits des algériennes et améliorer leur situation ? Malheureusement très peu de choses de l’avis commun des femmes elles-mêmes

Tuteur sur les autres, mais pas sur elle-même

Mais l’élément qui n’a jamais été intégré dans le débat – du moins par une grande frange de la société – est la contradiction qui existe entre la place acquise par les femmes et leur statut réel. On peut en effet trouver une juge – donc occasionnellement tuteur de femmes ou d’enfants – qui n’a pas le droit d’être tuteur sur elle-même ; pour son mariage, elle doit être accompagnée par une autre personne (qui peut être le père, le frère ou toute autre personne de son choix, selon la nouvelle version du Code de la famille).

Malgré de nouvelles avancées dans les textes, notamment dans le Code de la Famille et le code de la nationalité, la réalité est parfois beaucoup plus amère. « Il faut voir comment les policiers et les douaniers ne regardent, comme des criminelles, à chaque fois que nous voyageons avec nos enfants », confie une mère de famille qui fait plusieurs allers-retours entre l’Algérie et la France. Une autre preuve que si la loi donne la possibilité à la femme de voyager sans l’accord de son conjoint ou de son père, les pratiques sociales ont la peau dure.

Les textes et le terrain

La situation se dégrade ces dernières années avec notamment la réapparition du courant salafiste qui multiplie les agressions (verbales) à l’encontre des femmes. Cette dernière est souvent jugée, dans les prêches des mosquées, comme étant la responsable de plusieurs maux de la société : c’est elle qui déclenche le chômage parce qu’elle travaille, c’est encore elle qui suscite les violences parce qu’elle porte des « vêtements indécents » et c’est encore elle qui empêche la quiétude sociale parce qu’elle sort dans la rue. Les accusations sont multiples et la misogynie est devenue presque une vertu sociale. Cela se passe à un moment où les femmes ont presque baissé les bras. Même si, comme pour d’autres conquêtes, la lutte est quotidienne.

Essaïd Wakli