Après plus d’une semaine de marche pacifique, Rachid Nekkaz vient d’apprendre, à ses dépens, que faire de la politique dans ce pays est une chimère. L’homme politique, controversé candidat à la dernière élection présidentielle, est arrêté deux fois en deux jours pour « attroupement illicite » et « activité politique sans autorisation ». Alors qu’il a entamé son périple, le 3 novembre dernier à partir de Guelma, à l’Est, avec l’objectif d’arriver à Alger le 28 novembre, c’est en Kabylie que Rachid Nekkaz est arrêté. Une première fois, mercredi à Bougaâ dans la wilaya de Sétif et une seconde fois, jeudi, à Seddouk, à Béjaïa. Pourquoi n’a-t-il jamais été inquiété lorsqu’il a traversé des dizaines de villages et villes de l’Est algérien (ce qui est son droit absolu au demeurant) ? «L’instruction vient d’en haut », répondent les policiers de Seddouk, une ville mythique de Kabylie.
Au-delà de la géographie, ces bâtons policiers et judiciaires mis dans les roues de Rachid Nekkaz, dont la démarche est pourtant pacifique, est une preuve supplémentaire que les Algériens sont loin d’avoir conquis leurs libertés, à commencer par celle de se déplacer et de parler avec leurs concitoyens partout dans le pays. Car, si Rachid Nekkaz est arrêté à cette étape de son périple, c’est que les autorités ont dû sentir une adhésion des populations à son initiative. Constitue-t-il un danger ? Oui, mais juste pour le pouvoir qui ne lève pourtant pas le petit doigt lorsque des imams extrémistes appellent à dresser une partie de la population contre une autre. Ce pouvoir ne lâche pas sa police lorsque des journaux haineux osent désigner du doigt une partie de la population à jeter en pâture ! Mais ces gens qui sont une menace pour la nation ne constituent pas un danger pour le système qui nourrit les divisions pour se reconstituer. Rachid Nekkaz –qu’on l’aime ou pas-, lui, est dans une démarche politique, citoyenne et surtout pacifique, donc saine. Cela est un danger pour le régime !
Essaïd Wakli