Ni révélations fracassantes, ni informations scandaleuses, ni la moindre accusation à l’encontre des hauts responsables de l’Etat, le comportement d‘Abdelmoumène Rafik Khalifa devant le juge suscite moult interrogations. L’homme accusé d’avoir fomenté le « scandale du siècle » se démarque par sa passivité et son silence intriguant. Pour de nombreux observateurs et connaisseurs du scandale Khalifa, l’ex-Golden Boy aurait certainement conclu un deal avec les décideurs algériens.
Mais de quel deal il s’agit exactement ? Difficile de répondre encore à cette question tant que le milliardaire déchu continue à adopter un profil bas étrange. « Je ne peux pas tout dire », a même lâché Rafik Khalifa au cours de son procès qui se déroule depuis quelques jours au tribunal de Blida, à 40 Km à l’ouest d’Alger. Ce dimanche, l’ex-patron du Groupe Khalifa a meme défendu et innocenté des ministres cités à maintes reprises dans ce scandale à l’exemple d’Abdesselam Bouchouareb, l’actuel ministre de l’Industrie. L’ex-richissime homme d’affaires dément également avoir offert deux Mercedes, d’une valeur de 500 mille euros, à la Présidence de la République. Abdelmoumène Rafik Khalifa dément tout, refuse de donner des détails et crie son innocence. Une stratégie de défense qui manque cruellement d’imagination. Et pourtant, le principal accusé dans ce procès affiche une sérénité déconcertante. « Ce n’est pas moi », n’a-t-il pas cessé de clamer depuis le début de son procès. Pourquoi Khalifa refuse-t-il de nous en dire plus sur les dessous de la disparition brutale de son groupe ? Cette question hante aujourd’hui tous les Algériens. Ces derniers ne comprennent toujours pas pourquoi Rafik Khalifa ne fournit pas des explications au sujet des magouilles qui ont permis à son Groupe, ses partenaires et ses clients, de sortir illégalement 1,5 milliard de dollars, soit l’équivalent de 11.000 milliards, du territoire national.
Des opérations financières complexes qui n’auraient jamais été accomplies sans la complicité de plusieurs hauts commis de l’Etat algérien. En février 2007, un avocat algérien, Ali Meziane, a révélé que les dépôts effectués par le secteur public dans les caisses de la Khalifa Banl dépassent les 5.000 milliards de centimes alors que ceux du secteur privé ont dépassé 1.500 milliards de centimes. Comment des institutions ou des entreprises publiques ont confié autant de milliards à la Khalifa Bank, une simple et naissante banque privée à l’époque ? Ces dépôts pouvaient-ils se faire sans que des dirigeants politiques n’abusent de leurs pouvoirs auprès des managers de ces organismes ?
Aujourd’hui encore, aucun enquêteur n’a expliqué les rouages de la disparition mystérieuse de plusieurs centaines de milliards des comptes courants de cette banque appartenant au Groupe Khalifa. Idem pour ce qui est des fonds transférés à l’étranger. Le liquidateur de la Khalifa Bank, Badsi Moncef, avait reconnu que cette banque présentait des dossiers d’importation falsifiés, au nom de clients fictifs et pouvait ainsi déposer d’énormes sommes en devises dans les banques étrangères d’où il était facile d’opérer des retraits. Au moins, 180 milliards de dinars, à savoir près de deux milliards de dollars, ont été transférés à l’étranger pour, soi-disant, payer ces importations. Toutes ces données n’ont pas été exploitées au cours de l’actuel procès Khalifa. Un procès qui ressemble de jour en jour à une véritable mascarade.