Retour au calme à In Salah après 24 heures de violents affrontements, au cours desquels 40 policiers ont été blessés, dont 2 sérieusement, selon le ministère de l’Intérieur. Ce lundi matin, le millier de manifestants anti-gaz de schiste occupent de nouveau la place Soumoud (place de la Résistance), l’épicentre de l’opposition à cette ressource non-conventionnelle. Le point sur la situation.
« La contestation pacifique continue », lance Abdelkader Bouhafs, membre du mouvement citoyen engagé dans la lutte anti-gaz de schiste à In Salah, joint, ce lundi matin, par téléphone, comme pour assurer la motivation des troupes. Après une journée entière de violentes altercations entre les manifestants et les forces de sécurité, la ville retrouve son « calme » et le mouvement citoyen sa « nature pacifique », indique à Algérie-Focus, Abdelkader Bouhafs. Empêchés hier par les forces de l’ordre de s’installer sur la place Soumoud (place de la Résistance), où ils tiennent leur sit-in permanent depuis le 1er janvier dernier, les militants anti-gaz de schiste ont été de nouveau autorisés à occuper la place ce lundi matin. « Certains policiers sont même venus demander pardon à la population d’In Salah », confie Abdelkader Bouhafs.
Les esprits se sont donc apaisés après une escalade de violence entre samedi et dimanche. Les altercations entre les agents anti-émeutes et les activistes « ont provoqué des blessures à 40 policiers, dont deux grièvement atteints ainsi que l’incendie de la résidence du chef de daïra, du siège de la daïra, d’une partie du dortoir réservé aux agents de police, ainsi qu’un camion appartenant aux services de la Sûreté Nationale », selon le ministère de l’Intérieur, dans un communiqué publié dimanche soir, qui confirme ainsi les informations rapportées par Algérie-Focus. Du côté des manifestants, on dénombre 20 blessés, dont quatre ont été évacués d’In Salah, deux d’entre eux ayant été transférés à Ouargla et les deux autres à Adrar, précise à Algérie-Focus Benmhamed, un animateur du mouvement citoyen anti-gaz de schiste. D’après ses informations, les seize autres blessés ont tous progressivement quitté l’hôpital d’In Salah.
Vigilance
Ce lundi matin, les militants se disent déterminés à poursuivre leur action de terrain sur la place Soumoud mais également sur la route menant au site de forage-test, cogéré par l’Américain Halliburton, à une trentaine au nord d’In Salah, où une surveillance rapprochée s’organise en ce moment même. Objectif : empêcher les opérations de fracturation hydraulique, une méthode décriée par la population locale. C’est pourquoi une dizaine de militants-observateurs campent au bord de la chaussée depuis ce matin pour vérifier qu’aucun camion de déménagement, transportant du matériel nécessaire à la fracturation hydraulique, ne se rende sur le second puits-pilote. D’après des informations qui leur sont parvenues, les activistes anti-gaz de schiste sont convaincus que le recours à la fracturation hydraulique est imminent au niveau du second puits-pilote.
Une première !
Le collectif anti-gaz de schiste d’In Salah exprime enfin sa déception quant au comportement des autorités civiles durant les affrontements entre manifestants et policiers. « Aucun mot de la daïra, de l’APC, de Sonatrach… C’est la honte pour les autorités civiles ! », lâche Abdelkader Bouhafs, qui remercie « la région militaire » de les avoir écoutés. En effet, les violences ont cessé une fois que le commandant du secteur militaire opérationnel d’In Salah a négocié personnellement avec un groupe de représentants des manifestants anti-gaz de schiste. Une première en Algérie !