La ville d’Azazga, située à 37 km à l’est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, a l’air serein en ce début de printemps. Une ville accueillante, chaleureuse et calme. Mais un conflit, qui couve depuis des mois au sein de la mairie, menace sérieusement d’envenimer la situation, et les événements risquent de prendre une tournure dangereuse.
Les magasins de commerce qui pullulent dans cette ville, deuxième centre urbain de Tizi Ouzou, attirent du monde de toute la région, et donnent une image dynamique des rues d’Azazga. Ville gastronomique par excellence, Azazga risque de devenir la capitale du conflit. Et pour cause, l’APC de cette commune, dirigée par M.Bouadi, est paralysée depuis sept mois. La Coordination regroupant cinq villages, savoir Azazga, Ait Bouada, Cheurfa N’Bahloul, Hendou, qui a procédé à la fermeture du siège de l’APC le 21 septembre passé, réclame le départ du maire et des élus, et demande la venue d’une commission d’enquête ministérielle pour enquêter sur la gestion de l’assemblée actuelle, accusée «de dilapidation de foncier, et gestion catastrophique de la municipalité » par le représentant de la Coordination, M.Rachid Allouache.
Cette paralysie de sept mois n’a pas été sans conséquences sur le train de vie local. De nombreuses marches populaires et des mouvements de grève ont été observés par les citoyens de cette région.
Un « Comité de sauvegarde de la ville d’Azazga » a vu le jour, pour « réclamer le retour à l’ordre et à la justice ». «Nous demandons à ce que la justice fasse son travail. Nous dénonçons les agissements du procureur qui ne veut pas faire son travail », affirme Mahdi Baha, un des représentants de ce Comité. C’est ce même Comité qui a organisé un sit-in devant la daïra, il y a un mois de cela, pour réclamer la réouverture de l’APC. Un rassemblement, pour rappel, qui a tourné à l’émeute et durant lequel plusieurs blessés et des arrestations ont été déplorés. Une semaine après, le maire et les élus de cette commune ont été réinstallé dans leurs postes avec utilisation de la force publique. «La commission d’enquête dépêché par la wilaya n’a abouti à rien de palpable. Ils ont trouvé que tout fonctionnait très bien, et il n’y avait aucune anomalie à constater. Alors pourquoi persistent-t-il à bloquer le fonctionnement de la mairie ? », de demande-t-il.
De son côté, la Coordination des comités de village ne veut pas renoncer à sa mobilisation. «Nous réclamons une commission d’enquête ministérielle, et le départ de ce maire ainsi que de tous les élus. Nous avons des preuves matérielles du détournement de 120 assiettes foncières dont est complice cette assemblée et des représentants de l’administration », soutient Rachid Allouache. «Vous voyez que la mairie est ouverte par la force publique, mais rien ne fonctionne à l’intérieur. Quelques 230 employés sur les 265 que compte l’APC ne travaillent pas », dit-il encore, en désignat du doigt la bâtisse qui abrite le siège de l’APC.
Pour faire entendre leurs voix, cinq membres de la Coordination des comités de villages ont entamé une grève de la faim depuis cinq jours déjà. Campant à quelques mètres de l’entrée de la marie, les grévistes ne comptent pas mettre fin à leur action tant que leurs revendication ne sont pas satisfaites. «Nous avons envoyé deux lettres au ministère de la Justice et à celui de l’Intérieure et des collectivités locales pour réclamer une enquête sur la gestion de cette APC, mais aucun des deux n’a daigné répondre à nos correspondances. Ils veulent circonscrire le scandale au niveau local », s’indigne Rachid Allouache.
Le Comité de sauvegarde de la ville d’Azazga s’est donné rendez-vous, demain vendredi, pour une réunion générale, durant laquelle il va décider des actions à engager. «Nous comptons tenir un sit-in devant le tribunal d’Azazga pour exiger de la justice qu’elle fasse son travail. Nous avons déposé plusieurs plaintes, depuis des mois, mais aucune n’a connu de suites favorables. Pourquoi ne veulent-ils pas faire leur travail ?», s’interroge Mahdi Baha, représentant du Comité de Sauvegarde.
Au-delà de deux antagonistes, les citoyens de cette ville se demandent jusqu’où ira ce conflit. «Je ne sais pas où ils comptent aller. Mais ce qui est certain, c’est que cette situation ne profite à personne, surtout pas aux habitants de la commune qui sont singulièrement pénalisés. Ce conflit porte un énorme préjudice au développement de notre commune, jadis calme et paisible », dit Dda Amar avec une pointe d’agacement. «Certaines chaine de télévisions jouent avec le feu. Ils incitent nos concitoyens, avec des procédés machiavéliques, à la confrontation. Ils font dans la fitna. J’invite tout le monde à la vigilance, à rester sage et à ne pas céder au déchirement », conclut-il.
Arezki Ibersiene