Séisme de Chlef : 33 ans après, 19 000 sinistres vivent toujours dans des « chalets cancérogènes »

Redaction

33 années se sont passées depuis le séisme qui a dévasté la région de Chlef un certain 10 octobre 1980 et la situation de beaucoup de familles sinistrées ne s’est pas améliorée. Ainsi, elles sont, selon un rapport établi par le bureau de la wilaya de Chlef de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), environ 19 000 familles qui «continuent de vivre toujours dans des baraques supportant la chaleur de l’été et le froid de l’hiver».

Des «chalets», comme ceux dans lesquels ont été relogés provisoirement les sinistrés du séisme de Boumerdes, «qui ont une vie maximum de dix années», mais qui «continuent toujours d’abriter cette classe des laissés-pour-compte». La LADDH dénonce «le report de l’éradication des 18 163 chalets, ainsi que la situation de dégradation progressive du cadre de vie et la situation sanitaire alarmante résultant de la présence de l’amiante, y compris au niveau des infrastructures sanitaires en préfabriqué (4 hôpitaux, polycliniques et centres de santé de la wilaya)», lit-on dans un communiqué.

Il est à rappeler que le séisme de Chlef a provoqué la mort de 2 700 personnes et a «détruit la ville à 80%», comme l’a précisé la Ligue. Selon cette dernière, «les mesures prises par les responsables n’ont jamais résolu le problème». Ainsi, seul «un nombre de personnes ne dépassant guère les 2% a opté de réaliser un logement en dur».

«L’apport financier attribué au chef de famille, qui ne sera versé au propriétaire qu’après avoir dépensé plusieurs millions relatifs aux frais des fouilles et de la plateforme, n’a jamais été approuvé par le postulant. Cependant, pour bénéficier d’un tel avantage, la bureaucratie fait rage au niveau des services techniques des APC et l’approbation du dossier dépasse plus d’une année dans plusieurs cas. La maîtrise du dossier n’est guère prise au sérieux, dans la mesure où plusieurs pièces se volatilisent en cours d’étude. C’est pour toutes ces raisons que les propriétaires du préfabriqué désirent toujours rester dans leurs logements et éviter les nombreuses tracasseries d’ordre bureaucratique», indique-t-on encore.

Le plus grave est que, selon la LADDH, ces chalets ont été fabriqués avec des matériaux cancérogènes. La ligue appelle donc «à la démolition en urgence des habitations et infrastructures en préfabriqué», comme elle réclame «la mise en place d’un programme de
dépistage systématique du cancer et des maladies respiratoires, surtout dans les établissements scolaires». En somme, 33 ans après le
séisme, les familles sinistrées vivent toujours dans des chalets.

Elyas Nour