Près d’un mois après l’action de protestation ayant paralysé totalement la commune de Tizi-Gheniff (wilaya de Tizi Ouzou), à l’appel de la Coordination locale des comités de village, le 28 septembre dernier, une autre manifestation similaire, mais d’une plus grande envergure, a eu lieu ce dimanche 26 octobre.
En effet, cette fois, c’est toute la daïra, avec ses deux communes, Tizi-Gheniff et M’kira en l’occurrence, qui a été paralysée par une grève générale des citoyens pour réclamer le revêtement « sans plus traîner » de deux principaux axes routiers la traversant, a-t-on appris de sources locales concordantes. Il s’agit essentiellement des tronçons de la RN68 (reliant Draâ El Mizan, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, à Isser, dans la wilaya de Boumerdès) et du CW107 (reliant Tizi-Gheniff à M’kira) situés sur le territoire de la daïra, et qui se trouvent dans un état de délabrement avancé, de l’aveu même des autorités locales.
Tout est fermé
Les sièges des deux APC et celui de la daïra ont ainsi été fermés par les manifestants dès le début de la matinée. Les établissements scolaires, les organismes publics, les commerces et les transports sont également en mode « hors service ».
Genèse
Cette grève générale est le paroxysme d’un mouvement de débrayage entamé dimanche dernier par une grève des transporteurs assurant la desserte Tizi-Gheniff – Mkira, ainsi que ceux reliant le chef-lieu de la première commune aux villages d’Aït Itchir. Ils ont été rejoints le lendemain par les chauffeurs de taxi reliant Tizi-Gheniff à la ville de Draâ El Mizan, une daïra limitrophe. Mercredi et jeudi derniers, les protestataires ont hausséle ton en procédant à la fermeture des deux sièges d’APC sus-cités et celui de la daïra. Suite à cette action, une réunion regroupant les manifestants, le chef de daïra, un représentant de la direction des travaux publics de la wilaya de Tizi-Ouzou a été tenue au siège de la daïra, en présence des représentants de la Coordination des comités de village de Tizi-Gheniff (CCVTG). « Les autorités locales et de wilaya ont essayé, comme d’habitude de gagner plus de temps ». Non satisfaits des réponses des autorités, ils ont donc appelé à une grève générale au niveau de toute la daïra pour ce dimanche. Se disant « concernés », les représentants de la CCVTG ont apporté leur soutien aux transporteurs en lançant un appel similaire à tous les villageois.
Le chef de daïra tente de rassurer
Contacté, le chef de daïra de Tizi-Gheniff, Ahmed Mekki, affirme que «les doléances des citoyens sont prises en charge » et dit « ne pas comprendre les raisons de cette grève générale ». « Le projet de réhabilitation du CW 107 est en phase de l’étude. Quant au tronçon de la RN68 situé sur le territoire de notre daïra, l’entreprise réalisatrice y a repris les travaux hier (samedi, ndlr) », argumente-t-il. M. Mekki nie également « tout retard » dans l’exécution des travaux de modernisation de ce tronçon, malgré « la lenteur de leur cadence et leur suspension durant plusieurs semaines » que dénoncent les manifestants. Pourtant le chef de daïra dit ignorer les délais impartis à ce projet.
Le P/APC s’en défend
Même son de cloche chez le P/APC de Tizi-Gheniff, Saïd Mansour, qui estime « avoir répondu favorablement à leurs doléances lors de la réunion que nous avions tenue en milieu de semaine dernière ». Quant au « mépris à l’égard de ses concitoyens et surtout électeurs» dont l’accuse, « lui et la plupart des élus à l’APC », les manifestants, il s’en défend en se disant « solidaire avec eux et leurs revendications sont prises en charges ». M. Mansour souligne, dans le même ordre d’idées, que « ces projets ne relèvent pas de l’APC mais de la wilaya et nous exerçons des pressions sur cette dernière pour les réaliser le plus tôt possible ». Cependant, le P/APC et la quasi-totalité des élus locaux ne se sont pas rendus à l’APC pour adresser la parole aux contestataires et les assurer de leur soutien, « malgré les sollicitations de ces derniers », ajoutent nos sources, qui rappellent « d’ailleurs, tout comme la dernière fois, lors la grève générale en fin septembre dernier). « S’ils avaient cherché à me voir, je me serais rendu sur les lieux », tente de s’en laver les mains le P/APC de Tizi-Gheniff.
Yacine Omar
