Violence à Ghardaïa : Un ex-ministre mozabite accuse « les barons de la drogue et de la contrebande »

Redaction

Pour la première fois depuis le déclenchement des affrontements dans la région à Ghardaïa, une figure politique locale, qui plus est un ancien ministre, s’est exprimé et livre sa vision des événements.

Depuis plusieurs semaines, les quelques 400.000 habitants de Ghardaïa, dont près de 300.00 berbères, vivent au rythme des heurts intercommunautaires, des destructions de biens et de fermetures d’établissements scolaires et autres magasins. Qui sème la terreur à Ghardaïa ? La question reste pendue aux lèvres de tous les Algériens bien que la Direction générale de la Sûreté générale (DGSN) ait dépêché une commission d’enquête sur place pour évaluer le comportement des forces de police sur le terrain.

Faute de coupable, la thèse de la « main étrangère » a germé dans l’esprit de certains, notamment de la candidate à l’élection présidentielle du Parti des Travailleurs algériens Louisa Hanoune. La région de Ghardaïa est située dans une zone stratégique, à l’entrée du désert saharien et peut donc susciter beaucoup de convoitises, soutient les partisans de cette hypothèse. « La crainte si Ghardaïa est déstabilisée est que toute la région se retrouve dans une situation précaire », a analysé le politologue Rachid Tlemçani, interrogé par l’AFP.

Mais cette théorie qui n’est pas tenable pour Abdelwahab Bakli, ancien député de la wilaya de Ghardaïa. L’ex-ministre du Tourisme et de l’artisanat, qui a servi sous le gouvernement de Belaid Abdesselam en 1992, s’est exprimé pour la première sur la situation dans sa région d’origine. Cet ancien haut responsable mozabite estime, pour sa part, que les véritables coupables sont les « barons de la drogue et la contrebande ». Ils « sont les instigateurs des réactions anarchiques des jeunes de Ghardaïa qu’ils ont voulu exploiter à l’effet de déstabiliser cette région stratégique et véritable trait d’union entre le sud et le nord du pays », a-t-il déclaré ce lundi, dans une déclaration à l’APS. Il est vrai que les éléments de la police ont apporté fin janvier les preuves suffisantes pour impliquer un réseau mafieux, qui tentait de manipuler le conflit en lui conférant une dimension religieuse et communautaires, selon les premières conclusions de l’enquête policière. Ainsi, mardi 28 janvier, les forces de sécurité ont interpellé deux hommes, âgés respectivement de 19 ans et 43 ans, en possession d’un arsenal de guerre comprenant des armes blanches des cocktails molotov et plus de 60 litres de produit inflammables. Depuis très peu d’informations sur cette arrestation et l’origine et les motivations de des présumés coupables n’ont fuité.

Vers une sortie de crise ?

Abdelwahab Bakli, notable de la population ibadite, n’est pas tendre avec les médias algériens et internationaux, qu’il accuse de jeter de l’huile sur le feu, par leur manque de connaissance. « Certains médias notamment étrangers ont manqué de professionnalisme en donnant une importance disproportionnée aux évènements à travers des lectures et commentaires qui n’ont fait qu’exacerber la situation », considère-t-il. « Les incidents ayant émaillée la ville de Ghardaïa sont pratiquement les mêmes qui se sont produits dans un passé proche dans certaines wilayas du pays mais à Ghardaïa la situation a été dramatisée par les médias et on ne sait pas pourquoi », a-t-il encore fait remarquer. Pour  l’ex-ministre du Tourisme, les médias, par leur amateurisme, ont contribué à la confusion ambiante qui entoure ce dossier. Il a ainsi critiqué le « recours à des concepts médiatiques impropres tels que « conflit confessionnel » et « différend entre Malékites et Ibadites », ajoutant que « la cohabitation entre ibadites et de malékites à Ghardaïa n’a jamais posé de problème et ce depuis la guerre de libération ».

S’il était inquiet au déclenchement des évènements dans sa région natale, déplorant « l’incapacité des autorités locales à traiter la crise dès son éclatement », Abdelwahab Bakli est certain que l’issue de la crise est imminente grâce notamment aux efforts des pouvoirs publics. « Des indices montrent que la crise de Ghardaïa sera définitivement résolue grâce à la sagesse et la présence de l’Etat », a-t-il ainsi avancé « Il est nécessaire maintenant pour toute la population et les autorités locales de maintenir les facteurs à même de préserver le calme et éviter de verser dans la violence grâce et des solutions définitives », a-t-il préconisé.

Avec APS

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