Une semaine après les affrontements entre des manifestants et des forces de l’ordre, à Touggourt (wilaya de Ouargla), qui ont fait 3 morts, des zones d’ombres subsistent. C’est la raison pour laquelle, la Fédération internationale des Droits de l’Homme se saisit de cette affaire et réclame ce vendredi une « enquête indépendante, impartiale et transparente ».
Que s’est-il vraiment passé le 28 novembre dernier à Touggourt, une ville du Sud située à 160 km au nord-est de Ouargla et 600 km au sud-est d’Alger ? Des habitants, interpellant le wali sur l’attribution de 1.500 lots de terrains destinés à l’auto-construction, reçoivent l’ordre, ce jour-là, de démonter la kheïma qu’ils avaient installé sur la voie publique, la RN13, en guise de protestation. Ils sont dispersés, par la force, par des forces de l’ordre. Certains sont arrêtés et emmenés au poste de police. C’est là que la manifestation dégénère. Bilan officiel : 3 morts et une cinquantaine de blessés.
Les autorités nationales, ne voulant pas répéter les erreurs de Ghardaïa, réagissent vite. Le ministre de l’Intérieur se rend sur place le lendemain des affrontements et prend la décision sur-le-champ de suspendre les chefs de daïra et de la sûreté urbaine de Touggourt. Il décide également de relaxer les jeunes manifestants arrêtés et l’ouverture d’une enquête administrative et judiciaire sur les évènements de la veille et la mort de trois personnes en marge de cet épisode de violence.
Ce vendredi, la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH), qui dispose d’un statut consultatif auprès de l’ONU, l’UNESCO et le Conseil de l’Europe, réclame que cette enquête soit « indépendante, impartiale et transparente ». Dans un communiqué, la FIDH dit s’inquiéter « des violences et du recours excessif à l’usage de la force par les forces de l’ordre ».
Fusil à pompe et gaz lacrymogène
« Ce rassemblement a été dispersé par la police qui a déchiré la tente (Kheima) qui avait été montée par des jeunes en signe de contestation et arrêté 14 d’entre eux qui s’y trouvaient. D’autres jeunes se sont alors rendus au commissariat de Daira pour soutenir leurs collègues et demander leur libération. Les policiers sont alors intervenus et des témoins ont rapporté l’utilisation de gaz lacrymogène et de fusils à pompes. Des heurts violents se sont déroulés toute la journée », indique la FIDH. Et de préciser : « Selon les informations reçues, les forces de l’ordre auraient utilisé des fusils à pompe à l’encontre de manifestants ce qui aurait occasionné la mort de deux jeunes Toumi Meftah (24 ans) et Malki Nourredine (20 ans) ».
La police, aussi, a été touchée. « Des représentants des forces de l’ordre ont également été blessés. 6 blessés graves sont toujours hospitalisés à Touggourt, mais également à Batna et à El Oued », conclut la FIDH.