Religion : Mohamed Aïssa, le ministre qui dérange ?

Redaction

Le ministre des Affaires Religieuses, Mohamed Aïssa, est-il sur la sellette ? C’est la question qui agite les cercles médiatiques depuis plusieurs semaines. Des informations de plus en plus insistantes laissent croire que lors du prochain remaniement ministériel, Mohamed Aïssa ne devra pas être reconduit dans ses fonctions.

Mohamed Aïssa ne fera plus unanimité parmi les décideurs de la Présidence. Et pour cause, son style, sa façon de faire et sa vision de la place de la religion dans la société dérangent certaines ailes conservatrices du régime algérien, a-t-on appris de plusieurs sources bien placées. Preuve en est, Mohamed Aïssa à encore une fois exprimé son désaccord avec la ligne de conduite du régime algérien en matière de religion en refusant d’adhérer au projet de doter l’Algérie d’un « Mufti de la République ». En effet, dans un entretien accordé à l’agence officielle l’APS, Mohamed Aïssa est revenu sur le fameux poste de «mufti de la République» annoncé depuis plusieurs années mais pas encore créé par les autorités algériennes.

« La question du mufti de la République est toujours d’actualité et va dans le sens de la proposition appelant à créer une académie », a néanmoins nuancé Mohamed Aïssa qui se démarque ainsi de la position officielle affichée par ses prédécesseurs à la tête du ministère des Affaires Religieuses concernant ce projet. Selon Mohamed Aïssa, la fatwa « ne doit pas être limitée à une personnalité indépendante qui émet des fatwas et impose son avis religieux aux Algériens ».

 En clair, Mohamed Aïssa souhaite adopter des changements dans la proposition relative au mufti de la République et préfère créer « une académie qui regroupera des représentants des conseils scientifiques de wilayas et qui sera élargie aux experts et spécialistes dans différents domaines dont des astronomes, des médecins, des psychologues et des sociologues ». En d’autres termes, le Ministre veut que les avis religieux ne soient pas seulement l’apanage des religieux mais aussi des scientifiques. Ce qui pourrait donner un sens nouveau à l’exégèse du Coran mais cela ne plait d’ores et déjà pas à certains cercles religieux en Algérie. Les courants les plus conservateurs des institutions religieuses veulent que la fatwa relève exclusivement des religieux sans interférence avec d’autres acteurs temporels.

Il est clair que cette nouvelle proposition de Mohamed Aïssa va faire face, comme c’était d’ailleurs le cas avec le projet de la réouverture des synagogues, à une «dynamique» opposition. C’est ce qui expliquent, précisent certaines sources bien informées, les annonces répétitives des médias concernant un probable départ de Mohamed Aïssa du prochain gouvernement. Du moins, c’est ce que certains cadres conservateurs du ministère des Affaires Religieuses espèrent…

Avec Elyas Nour