Révision de la Constitution : Quel régime pour l’Algérie ?

Redaction

Même timide, le débat sur la prochaine révision de la Constitution se fait entendre. A défaut d’un débat politique, c’est sur le terrain académique que les avis s’expriment.

L’essentiel du débat sur la révision de la Constitution porte sur le régime politique algérien. Car, in fine, la vraie question qui se pose est celle de savoir dans quel régime politique sommes-nous ? Présidentiel ? Parlementaire ? Hybride ? Ce sont de vrais questionnements pour un pays qui ambitionne de réformer sa Loi fondamentale en profondeur.

Selon la constitutionnaliste Fatiha Benabbou, le régime politique en Algérie n’est pas clair. Il est l’émanation des « incertitudes » et des « instabilités politiques chroniques » qui caractérisent le pouvoir politique dans le pays. Chose qui a donné une « primauté » au président de la République. Cela est un régime « présidentialiste » et non « présidentiel ». Pis, la juriste, qui a accordé une longue interview au quotidien El-Watan week-end, estime que dans un passé récent, les prérogatives du président de la République et du chef du gouvernement (ou premier ministre) n’étaient pas franchement claires. La clarification n’a été apportée que lors de la dernière révision de 2008.

Plus généralement, Fatiha Benabbou a estimé que le régime présidentiel est typique des USA. Il n’est donc transposable nulle part au monde. Surtout que dans les faits, précise-t-elle, aux Etats-Unis, la séparation et l’équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) et bien réel. Chose qui n’est pas évidente chez nous.

Peut-on garder un parlement bicaméral ? « Possible », répond la juriste. A condition de définir les prérogatives des deux chambres parlementaires, notamment celles du conseil de la Nation.

Mais le plus important dans cette intervention est qu’elle partage l’avis de beaucoup de politiques : une révision de la Constitution n’est pas uniquement affaire de juristes. La révision de la Loi fondamentale doit être l’émanation des différents courants de la société. Or, selon la manière avec laquelle la révision de cette année est entamée, on sera loin  du compte !

Essaïd Wakli