Homme des sales besognes ou «serviteur» du pouvoir, Ahmed Ouyahia subit de plein fouet les contrecoups de ses soutiens inconditionnels au régime. Et à chaque fois que l’homme tente de se libérer, les attaques contre lui deviennent plus impitoyables. Alors que tout le monde pensait que lorsqu’il a été nommé directeur de cabinet de la Présidence de la République, Ahmed Ouyahia a été remis définitivement sur selle.
L’homme, qui change de positions au gré des situations, s’est même avéré être l’un des défenseurs zélés de Abdelaziz Bouteflika lors des élections présidentielles de 2014. Puis, lorsque le pouvoir cherchait une voix qui devait défendre le pouvoir face aux salves de l’opposition, c’était toujours lui qui devait être en première ligne. Même s’il rêve d’un destin personnel plus radieux, l’homme sait qu’il ne peut exister en dehors du pouvoir. Il le reconnaîtra, d’ailleurs, dans une interview accordée à un journal arabophone en 2014. «Il se pourrait que je sois l’homme qui va mourir pour sauver le pouvoir», disait-il.
Impatient, Ouyahia a tenté, ces derniers temps, de jouer en solo et d’affirmer, une nouvelle fois, sa volonté de s’affranchir de l’emprise du clan Bouteflika. Mais c’était sans compter sur la vigilance des Saâdani et de ses proches. Dès que le secrétaire général du RND a annoncé qu’il refusait de participer au show que devait organiser le FLN à la Coupole du 5-Juillet, les attaques ont repris de plus belle. En plus des soutiens qui affluent pour son rival, Belkacem Mellah, candidat au poste de secrétaire général du RND, le mouvement de redressement reprend dès que Saâdani attaque le chef de cabinet. Et c’est sans surprise que Nouria Hafsi et d’autres cadres montent au créneau pour dénoncer la position de leur secrétaire général. Ils ont participé à la rencontre de la Coupole, ameuté des députés et multiplié les déclarations allant dans le sens d’isoler, de nouveau, Ahmed Ouyahia.
L’ancien Premier ministre, affaibli, a dû sortir de sa réserve. Il soutient –sans conviction- Chakib Khelil et se défend d’être derrière la mise à l’écart de centaines de cadres dans les années 1990. Et pour répondre à ceux qui l’accusent de rouler pour son propre compte, Ouyahia réplique : «Nous soutenons le président Bouteflika à notre manière». Une phrase qui peut signifier que l’homme des sales besognes est désormais dans de beaux draps.
Essaïd Wakli