C’est dans une salle pleine comme un œuf que Saïd Sadi, accompagné d’Ali Yahia Abdenour, ont animé une conférence-débat, ce dimanche matin, à l’auditorium de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou.
Des milliers d’étudiants sont venus écouter les deux figures de proue du combat démocratique et identitaire. Les deux conférenciers sont revenus, au cours de leurs communications, sur l’historique du mouvement identitaire berbérophone en Algérie, et sur les entraves auxquelles ils ont fait face durant les année noires du Parti unique. Saïd Sadi et Ali Yahia Abdenour ont répondu a une multitude de questions posées par les étudiants avides de voir leurs lanternes éclairées quant aux visions des deux conférenciers sur les question relatives au mouvement démocratique et Amazigh.
Interpellé pour donner son avis sur la manifestation « Constantine : capitale de la culture arabe », le Dr Sadi, avec le franc-parler qu’on lui connait, a affirmé qu’elle « est organisée par des responsable qui veulent se convaincre eux-même d’une culture dont Constantine n’a jamais été la capitale », estimant que « c’est de la provocation. » Est-ce que vous avez déjà vu organiser une manifestation du genre Paris capitale de la culture française ou Berlin capitale de la culture Allemande ? », se demande-t-il. « Quand une ville est une capitale d’une quelconque culture, elle n’a pas besoin de manifestations aussi démesurées et budgétivore », relève-t-il encore. Saïd Sadi a salué la position d’un grand nombre d’intellectuels et de simples citoyens de Constantine qui rejettent cette manifestation pour exprimer leur refus de confiner leurs ville dans le moule de la culture unique, alors que son passé prouve que c’est une ville multiculturelle par excellence. Le fondateur du RCD assène que, dans ce registre, nos gouvernants ont beaucoup à apprendre des pays de l’Afrique Sub-saharienne.
De son coté, Me Ali Yahia Abdenour n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger le même événement: « Cette manifestation est une provocation. Constantine, c’est Cirta, capitale de la Numidie ». Celui-ci a, par ailleurs, incité les étudiants de Tizi Ouzou, venus par milliers, « à reprendre le flambeau de leurs aînés et à être toujours aussi éveillés, leur conseillant de ne jamais céder sur des principes pour lesquels de valeureux hommes ont donné leurs vies ». Le vieux routier du militantisme a déclaré ironiquement que « nos dictateurs peuvent même organiser une manifestation « Béjaïa, capitale de la culture arabe ! »
Les deux conférenciers ont été longuement applaudis à la fin de cette rencontre, l’une des plus importante qu’à connue cette université durant cette année.
A noter que l’université Mouloud Mammeri est un des plus importants espaces de débats intellectuels et scientifiques. Cela grâce aux jeunes étudiants regroupés autour de différents comités et collectifs, qui ont su insuffler une dynamique qui n’est pas sans rappeller celle des années 80.Une période marquée par une forte implication de la communauté estudiantine dans le débat national et sociétal.