Monsieur Nicolas Sarkozy est l’ancien président de la République Française. A ce titre et seulement à ce titre, nous lui devons le respect parce que, malgré nos manières supposées frustes et notre arrivée tardive au bal des démocrates, nous savons qu’en respectant la fonction, nous respectons les électeurs français qui l’y ont porté. Et Dieu sait si l’envie nous vient souvent de regretter qu’un aussi grand pays, qui a donné de grands hommes tels De Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand et Chirac, doive se satisfaire dorénavant de « petites pointures » et se laisse abandonner à un vibrion aux humeurs de roquet – dixit J.Chirac -, qui ne laissera pour épitaphe et pour l’éternité qu’un « casses-toi pauv’con », dont la France rougira pendant longtemps encore.
Quelqu’un chez nous, là-bas du côté d’El-Mouradia, ou d’ailleurs ; peu importe, pourrait-il es-qualité, rappeler à Nicolas Sarkozy que l’Algérie officielle ne s’est jamais immiscée dans les affaires de la France. Ni dans ses problèmes internes, ni dans ses relations avec ses voisins.
Alors, quand un ancien Chef d’Etat, au hasard d’un de ses séjours royaux et réguliers au Maroc attribue à ce pays ami le grade de maillon fort du Maghreb, on peut comprendre le débordement d’enthousiasme pour les largesses du pays hôte et son accueil légendaire, mais on doit se demander quelle mouche l’a bien piqué pour faire une mauvaise manière à l’Algérie, courageusement suggérée comme le maillon faible. La reconnaissance du ventre est une vertu. Elle devient vice sitôt qu’elle se met au service du vice.
Mais ce n’est pas tout. Voilà qu’il récidive, mais cette fois-ci en Tunisie, où il coiffe l’Algérie du bonnet d’âne pour le développement et l’accable du statut de pestiféré, suggérant à demi-mot sa mise en quarantaine avec la Libye si cela ne tenait qu’à lui. La « fatwa » est dite.
Comme il a habitué ses concitoyens et le monde par la même occasion, aux revirements, aux arrangements avec les chiffres et les dates, et aux oublis sélectifs entre autres, voilà qu’il pense que les Tunisiens ont oublié qu’il fut l’ami de Ben Ali à qui il avait proposé l’aide sécuritaire au plus fort du Printemps arabe, comme il fut celui de Kaddafi le temps d’une campagne électorale, dont les casseroles nous livrent petit à petit les subtilités de l’amitié en politique.
Quelqu’un pourrait-il lui répondre que si La Tunisie est à la mauvaise place entre la Libye et l’Algérie, M. Sarkozy, lui, est à la bonne place entre Eric Zemmour et Finkielkraut.
C’est avec ces deux-là qu’il pétitionne dorénavant. Peut-être pense-t-il les recycler en stratèges militaires, comme il l’a fait avec BHL, sur un coup de génie, pour son expédition en Libye.
Quelqu’un pourrait-il lui faire remarquer qu’il vient tout simplement de se tirer une balle dans le pied en se moquant du retard de l’Algérie ?
D’une part, parce les médias algériens en parlent depuis des lustres et que les Algériens en sont conscients et que d’autre part, s’il devait revenir un jour au pouvoir, et quand bien même se couvrirait-il la tête de cendre, comment s’y prendrait-il pour prétendre à une place de partenaire dans le développement de l’Algérie ? Il y aurait fort à parier qu’il nierait avoir tenu de tels propos ou qu’il regretterait d’avoir été mal compris.
Quelqu’un pourrait-il lui rappeler que son discours sur la stabilité de la région et la coopération en Méditerranée, ne trompe pas grand monde parce qu’on voit bien qu’il est en service commandé et qu’il ne peut pas moins faire en réponse aux largesses dont il bénéficie au Maroc et dont il ne se cache même plus. Peut-être est-ce du à ce penchant naturel qu’on lui reconnaît pour tout ce qui brille et que la presse people appelle le bling-bling.
Ses illustres prédécesseurs, auraient privilégié les intérêts géostratégiques de la France et de l’Europe et auraient pris de la hauteur pour aborder de tels sujets. Surtout s’ils avaient le dessein de solliciter le suffrage des Français pour une seconde aventure. Mais, autres temps, autres mœurs.