Scandale Sonatrach-Saïpem : Et pendant ce temps-là, la justice algérienne cherche toujours des preuves

Redaction

chakib khelil

Les dès sont jetés et les masques sont définitivement tombés. Les médias italiens, habitués à informer les Algériens sur l’affaire Sonatrach, viennent de donner la preuve formelle : Chakib Khelil n’est plus le simple témoin qu’on a bien voulu nous présenter. L’ancien ministre de l’Energie et des Mines a bel et bien touché de l’argent en contrepartie de contrats juteux pour l’Enterprise italienne ENI.

La confirmation de l’implication directe de Chakib Khellil dans ce scandale est venue non d’une simple supputation de presse, mais plutôt de sources solides. C’est Pietro Varone, ancien responsable à Saipem, qui a révélé tous les détails de ce scandale à la justice italienne, a expliqué mardi la juge italienne Alfonsa Ferraro, citée dans le journal italien Il Corriere della Sera. L’ancien ministre de l’Energie et des Mines a bel et bien touché de l’argent dans le but de donner des marchés à ses amis italiens. Les montants sont faramineux. La justice italienne parle de 8 milliards de dollars de contrats obtenus en échange de plusieurs commissions de pots-de-vin.

Les juges italiens ont donc lancé des avis de recherche non seulement contre leurs ressortissants impliqués dans cette affaire de corruption mais également contre Farid Bedjaoui, ce personnage controversé et mystérieux. Du coté algérien, il n’y a pas encore de réaction. Mais une chose est désormais évidente : le procureur général près le tribunal d’Alger ne pourra plus dire qu’il n’y a pas de « preuves » sur l’implication ou non de Chakib Khellil. Ce dernier a, il faut le dire, bénéficié, jusque-là, d’un avantage bien plus important que l’on pourrait le croire : il continue à bénéficier du « bénéfice du doute » à un moment où tous les chemins mènent vers lui !

L’ancien ministre de l’Energie, apparemment réfugié au Etats-Unis, continuera-t-il à avoir les mêmes avantages, les mêmes protections ? Rien ne permet d’affirmer ou d’infirmer un tel état de fait. Mais à force de suivre les agissements d’une partie de l’establishment, il est permis de douter des véritables intentions de nos autorités. Et ce ne sont pas les flops judiciaires de l’ancien wali de Blida, la « fuite organisée » d’un fils d’un dignitaire du régime ou encore l’exfiltration de prison, par simple appel téléphonique, d’un grand magnat de l’immobilier et des médias, avant même qu’il ne soit jugé, qui peuvent rassurer les algériens. Ces derniers rêvent d’un Etat de Droit où les puissants sont jugés pour leurs méfaits. Mais, pour l’heure, ils sont condamnés uniquement à apprendre sur les scandales de leurs pays dans les colonnes de la presse étrangère.

Essaïd Wakli