Restructuration du DRS, débureaucratisation de l’Etat, remaniements ministériels à répétition, amnistie fiscale, rigueur budgétaire et nouveau virage économique amorcé par le gouvernement. Autant de signes avant-coureurs de changements majeurs au sommet du régime algérien. Ce changement passe avant-tout par le règlement de la question de la succession à Abdelaziz Bouteflika. Et la bataille a , à priori, d’ores et déjà commencé. Elle oppose, pour l’heure, deux hommes que tout rassemble, mais que tout sépare en même temps.
Ils ‘appellent Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. L’ancien chef de gouvernement et présentement directeur de cabinet à la Présidence de la République, et l’actuel Premier ministre ont commencé à travailler dans les coulisses avec en point de mire l’objectif de succéder à Abdelaziz Bouteflika, aux commandes du pays depuis plus de 15 ans. Des sources bien informées et proches du sérails sont unanimes : Ouyahia et Sellal sont les deux hommes les mieux placés dans cette course à la succession.
Chacun de ces deux « poids-lourds » de la scène politique dispose de ses propres réseaux d’influence qui ont commencé à démarcher des soutiens, des financements et des alliances afin de prendre possession des leviers de l’Etat. Et même si officiellement il faut attendre 2019 pour assister à une élection présidentielle, les préparatifs sont bel et bien entamés. Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, deux parcours, deux visions politiques, deux façons différentes d’exercer le pouvoir. Mais, quel est leur projet politique ? En attendant de voir clair de ce coté-ci, nous vous dressons les points forts et points faibles de chacun de ces prétendants à la magistrature suprême.
Abdelamlek Sellal
Points forts :
– Il a géré pendant des années un secteur névralgique, celui des ressources en eau, sans scandales de corruption ou de détournements de deniers publics notables. En tout cas, aucun dossier compromettant contre sa personne n’a été établi. Rien à avoir avec les autres ministres qui avaient géré l’Energie ou les Travaux Publics…
– C’est un homme de consensus. Il est pragmatique et il consulte tout le monde, notamment les experts avant de prendre des décisions stratégiques.
– Il ne personnalise jamais un conflit et se montre conciliant avec ses proches collaborateurs. Il privilégie un management participatif.
Points Faibles :
– Il est très mauvais en communication. Populiste dans ses réactions et ses discours,notamment avec ses blagues et ses flops médiatiques, il s’est attiré le dédain et parfois l’hostilité de l’opinion publique.
– Il n’a aucune expérience dans la gestion des dossiers politiques délicats, notamment internationaux. Son profil faut de lui un technocrate et l’oriente davantage vers l’administration. Il ne fait pas preuve d’une connaissance aiguë des enjeux politiques.
– Il ne dispose d’aucun réseau à l’international à même de lui procurer des appuis lourds.
Ahmed Ouyahia
Les points forts :
– Il maîtrise plusieurs langues dont l’anglais et dispose d’un capital expérience important dans les affaires diplomatiques et les questions internationales.
– C’est un énarque qui connait parfaitement les rouages du système politique algérien. Il maîtrise les outils techniques de l’administration algérienne et connait ses déficiences et ses faiblesses.
– Il dispose d’une très bonne connaissance des dossiers politiques les plus chauds de l’Algérie. Sa ruse politique n’est plus à démontrer et sa capacité de négociation avec ses adversaires lui procure un atout incontournable.
Ses points faibles :
– Une faible expertise en économie, d’où ses erreurs du passé comme les dégâts de la Loi de finances de 2009 qui n’a pas réussi à réduire le volume des importations, voire qui l’a conforté.
– Il est extrêmement impopulaire dans l’opinion publique. Il traîne de nombreuses casseroles depuis les années 90 telle notamment la fermeture de nombreuses entreprises publiques. Des milliers d’Algériens ont été réduits au chômage et la précarité. Les Algériens ne le lui a jamais pardonné.
– Il est autoritaire et ne se remet pas beaucoup en cause. Il prend des décisions sans concertation, ce qui un défaut dont l’Algérie aimerait se passer durant les prochaines années qui s’annoncent difficiles.