L’ex-chef du gouvernement Ali Benflis n’est pas resté insensible aux mesures prises à l’issue du Conseil ministériel restreint, tenu hier mardi 27 janvier 2015. L’ancien chef de cabinet de Bouteflika se fend ce mercredi d’un communiqué très virulent pour rappeler son constat de la vacance de pouvoir et de la déliquescence de l’Etat.
« Les décisions du Conseil ministériel restreint tenu le 27 janvier 2015, au sujet des protestations de nos concitoyens à In Salah contre l’exploitation du gaz de schiste restera dans nos annales politiques comme le modèle parfait de la non gouvernance », estime d’emblée le chef de file du Pôle des forces du changement, dans un communiqué rendu public ce mercredi 28 janvier. « Ces décisions, estime-t-il, révèlent avant tout la légèreté et l’improvisation inacceptables dans la gestion des affaires les plus sensibles y compris celles qui concernent la stabilité du pays, la crédibilité de l’Etat et la cohésion de la Nation. »
Pour l’ex-SG de la Présidence de la République, « le communiqué du Conseil ministériel restreint n’est significatif de rien d’autre que de l’état de dégradation avancée et dangereuse auquel est parvenu un régime politique dont l’illégitimité, la perte de crédibilité, l’inaction et le désarroi prennent de jour en jour les proportions d’une véritable menace à l’existence de l’Etat national. »
Ali Benflis ne manque pas à l’occasion de réitérer sont constat de la vacance de pouvoir. « Les fondations mêmes de notre Etat national, alerte-t-il, sont désormais mises régulièrement à rude épreuve par un sommet de l’Etat vacant qui condamne le gouvernement à la léthargie et jette son propre discrédit et sa propre disqualification sur l’ensemble des autres institutions de l’Etat. » Pour donner de la consistance à son constat, devenu le leitmotiv de ses interventions, l’ex-candidat malheureux à l’élection présidentielle ne cite à aucun moment Bouteflika, qui, officiellement, « a présidé » ledit conseil. Benflis parle, en effet, du communiqué diffusé à l’issue du mini-Conseil ministériel « dont la teneur est d’une incohérence et d’une légèreté sans précédent » à travers lequel l’on « croit pouvoir ramener le véritable foyer de tension qu’est devenu l’ensemble du sud de notre pays et en particulier In Salah à un simple et banal malentendu. »
« Une telle lecture est d’abord inquiétante en ce qu’elle révèle que nos gouvernants n’ont pas pris la véritable mesure de la gravité de ce foyer de tension qu’ils ont eux même créé. Cette lecture est également inquiétante parce que ses auteurs pensent ainsi traiter les manifestations de ce foyer de tension et se dispenser de prendre en charge ses causes véritables. Cette lecture est enfin affligeante car des autorités politiques diligentes, vigilantes et performantes ne prennent pas près d’un mois pour procéder au règlement d’un malentendu d’une telle insignifiance, s’il en était réellement un », a-t-il ajouté.
L’ex-patron du FLN tient le gouvernement pour responsable de la crise et des tensions dans le sud, suscitées par les forages de gaz de schiste. « Ces crises et ces tensions ont été, essentiellement, les révélateurs des conséquences inévitables de la citoyenneté méprisée, du dialogue social rompu, des médiations politiques et sociales clientélistes ayant pris le pas sur les médiations représentatives et légitimes, de l’unilatéralisme et de l’autoritarisme érigés en mode de gestion de la collectivité nationale et de la perte de la crédibilité et de la confiance de l’Etat auprès des citoyens », analyse Benflis en concluant qu’ « en réduisant les crises et les tensions qui sont apparues dernièrement dans tout le sud du pays et en particulier à In Salah à une problématique d’encadrement administratif, le gouvernement a manqué, encore une fois, l’occasion d’en tirer les enseignements réels. »