Selon un ancien cadre dirigeant du FFS, l’action publique des « non-jeûneurs » est une dangereuse « manipulation »

Redaction

« Non, l’opération politico-médiatique organisée en Kabylie n’a rien à voir avec la défense de la liberté de conscience ». C’est avec  ces mots que l’ancien cadre dirigeant du FFS, Samir Bouakouir a réagi au déjeuner public organisé par environ 450 non-jeûneurs le samedi 3 août à Tizi-Ouzou.

Dans une contribution mise en ligne par notre confrère Tout sur l’Algérie, Samir Bouakouir, l’ancien secrétaire national à l‘émigration du FFS, a estimé que cette action n’est pas l’oeuvre « d’une jeunesse excédée légitimement par les atteintes aux libertés, à la liberté de conscience ». « Elle est l’œuvre d’un mouvement politique séparatiste – et non pas autonomiste, car la question de l’autonomie peut faire l’objet d’un débat démocratique – qui surfe sur les impasses du courant national démocratique pour proposer des voies sans issues sinon celles d’approfondir un peu plus les fractures politiques, sociales et culturelles », a-t-il dénoncé.

Selon Samir Bouakouir, ce sont donc les militants du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK)  qui sont les « instigateurs » de cette opération purement politique, à ses yeux, et « qui trouve son inspiration dans les rassemblements « apéro-saucisson-pinard » organisés par Riposte laïque, une organisation de la gauche française, identitaire et réactionnaire ». Par ailleurs, l’ancien cadre du FFS, le vieux parti de l’opposition en Algérie qui compte désormais des députés au parlement, ce rassemblement et sa médiatisation ont été « une excellente opportunité à saisir par ceux qui, éjectés des centres de décision, cherchent désespérément à se repositionner pour ne pas s’exclure des futures recompositions au sein du pouvoir ».

D’après Samir Bouakouir, l’observation du jeûne n’a jamais constitué une controverse en Kabylie. Bien au contraire, c’est une pratique religieuse socialement très répandue depuis des siècles. « L’observation du jeûne a toujours été une pratique religieuse et culturelle strictement respectée dans les villages kabyles. Personne n’osait s’aventurer à le rompre publiquement, non pas en raison de quelques représailles, mais par respect aux mœurs et coutumes villageoises. Celui qui contrevenait risquait une amende (Lekhtiya) ou pire, l’opprobre », rappelle-t-il en tournant en dérision les arguments présentés par les « dé-jeûneurs » car « faire appel aux valeurs ancestrales kabyles pour justifier une action en contradiction avec le vieux qanoun (loi) kabyle est pour le moins extravagant », juge-t-il.

Enfin, Samir Bouakouïr met en garde contre les machinations destinées à diviser les Algériens et à détourner leur attention des véritables enjeux politiques. Preuve en est,  « à la veille d’une échéance que d’aucuns perçoivent comme décisive pour l’avenir commun, et qui devrait donner lieu à un authentique débat démocratique portant sur de vraies questions, sur les voies et moyens de parvenir à un changement pacifique, des aventuriers politiques tentent d’entraîner le pays sur les chemins sinueux des diversions destructrices », analyse-t-il en dernier lieu.