Sidhoum répond au général Yala : «La crise en Algérie a commencé en 1962»

Redaction

La situation actuelle du pays, avec la maladie du Chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, et surtout, les événements à venir, notamment la Présidentielle 2014, ou une présidentielle anticipée dans le cas où le premier responsable du pays ne pourra, pour une raison ou pour une autre, assumer ses fonctions, préoccupe au plus haut point nombre d’observateurs, militants ou tous simplement citoyens.

C’est dans cet ordre que le militant Salah-Eddine Sidhoum a réagit, aujourd’hui, à la lettre du général à la retraite et ancien commandant des forces navales algérienne, Mohand Tahar Yala, publié, il y a trois jours dans certains médias, qui a carrément lancé un appel à la destitution de Bouteflika, coupable, selon lui de «haute trahison», en raison du fait qu’il a «permis», et «protégé» même, à certains cercles de «piller» les richesses du pays. Pour Sidhoum, «ces problèmes cruciaux inventoriés ne peuvent être résolus sans le règlement définitif de la crise politique qui perdure depuis 62 et qui se résume en trois mots : légitimité du pouvoir». Celui-ci ajoute, pour être plus explicite, que «le drame algérien n’a pas commencé en 92 ou 99, mais bel et bien au lendemain de l’indépendance, pour ne pas dire avant, quand des algériens assoiffés de pouvoir ont liquidé d’autres algériens, au nom d’une fausse légitimité révolutionnaire et se sont autoproclamés tuteurs de ce peuple par la force des baïonnettes». En somme, le militant laisse entendre que s’il n’y a pas de changements en profondeur, en ce qui est de la nature de l’Etat, le remplacement de Bouteflika par un autre ne réglera rien.

Le fiasco de l’oligarchie militaro-financière

Et c’est contre un tel scénario que Sidhoum avertit. «Gare à ceux qui, dans les officines de l’intrigue et de la manipulation, œuvreront à un faux changement, celui des apparences du système, alors que la situation chaotique actuelle nécessite un changement radical du système. Ils porteront une lourde responsabilité devant Dieu et devant l’Histoire, dans le déclenchement du terrible tsunami populaire qui risque – ce qu’à Dieu ne plaise –  et faute d’alternative politique crédible, d’emporter non seulement ce régime déliquescent mais l’Algérie, tout entière», déclare-t-il. D’ailleurs, s’adressant à un ancien militaire, Sidhoum met l’accent sur le rôle des hauts responsables de l’institution militaire dans la chose politique. «Vous dites que la responsabilité du président du pouvoir apparent dans ce chaos programmé est clairement, totalement engagée. Je crois à mon humble avis que la responsabilité de l’oligarchie militaro-financière, véritable pouvoir en Algérie, est plus grandement engagée dans ce fiasco institutionnalisé car c’est elle qui l’avait désigné en 99, puis reconduit en 2004 et 2009, comme elle l’a fait pour ses prédécesseurs en 79, 92 et 95», ajoute-t-il.

En somme, le militant estime qu’il faudrait un véritable changement pour que le pays avance. Sinon, tout manœuvrer ne serait qu’un jeu de rôle où les personnages changent périodiquement sans que le système de gouvernance ne soit remis en cause. «Tous les patriotes sincères et sages appréhendent ce que nous réserve l’avenir immédiat. Les tensions entre le système obsolète et arrogant et la société poussée au désespoir par des décennies d’injustice et de hogra risquent de mener droit vers plus de chaos et au final, l’implosion de la nation», fini par lancer Salah-Eddine Sidhoum.

Elyas Nour