La scène s’est produite dimanche, à Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Au Lycée El-Ilouli, un élève a escaladé la façade de l’établissement pour enlever le drapeau algérien et le remplacer par l’emblème du MAK, le mouvement séparatiste qui réclame l’autodermination de la Kabylie. Cette scène choquante n’a pas ému les élèves. Au contraire, beaucoup d’entre eux ont soutenu ce geste considéré naguère comme insensé et gravissime, confient des témoins oculaires. Il a fallu que le directeur de l’établissement intervienne personnellement pour remettre le drapeau national à sa place.
Est-ce un acte isolé ? Pas vraiment car de nombreux citoyens reconnaissent qu’ils constatent une montée du sentiment séparatiste, notamment au sein des franges les plus jeunes de la région. Ce constat est-il pour autant à prendre pour argent comptant ? Pas si sûr. En tout cas, il renseigne sur le malaise général qui commence à s’emparer de la Kabylie. Un malaise entretenu par une campagne médiatique menée tambour battant par les partisans et leaders du MAK qui s’invitent, désormais, tranquillement sur les plateaux des chaînes de télévision les plus populaires de France.
Preuve en est, le passage très remarqué de Ferhat Mehenni sur France 24 a obtenu un large écho. Le Président du MAK a profité de la forte audience de France 24 pour développer ses thèses séparatistes. C’est une première, car les médias lourds français n’accordaient jusque-là pas tant de crédibilité que cela au combat séparatiste du MAK. Il s’agit là, d’un tournant médiatique majeur qui risque d’inverser les rapports de force, surtout si l’on sait que des intellectuels médiatiques français, comme un certain Bernard Henri-Levy, ont apporté officiellement leur soutien au MAK.
Le très controversé philosophe français a lancé à travers la revue La règle du jeu, un appel à soutenir la manifestation organisée à Paris par le MAK. Ce soutien affiché sans aucun complexe démontre que des lobbys puissants en France investissent dans ce mouvement. Les autorités algériennes ne peuvent donc plus le considérer comme une simple épiphénomène.
A l’étranger comme en Kabylie, plusieurs centaines de citoyens répondent aux appels du MAK. Qui pourra empêcher que ces centaines deviennent des milliers, voire des centaines de milliers ? Désormais, on ne peut plus prendre à la légère l’expansion des thèses séparatistes dans l’une des régions les plus stratégiques du pays.