Le flou le plus total continue d’entourer la gestion des affaires de l’Etat. Dans ce contexte, les hypothèses et les conjectures sur ce qu’il adviendrait du pays dans un avenir proche sont de plus en plus nombreuses. Chaque intervenant y va de sa version.
Dans une contribution publiée sur le site de l’Institut des relations internationales (IRIS), l’analyste Kader Abderrahime, écrit : « Pour ne pas avoir envisagé de réformer le système de gouvernance qui régit l’Algérie depuis 1965, date du coup d’État de Boumédiène, Abdelaziz Bouteflika pourrait bien être confronté à un trou noir politique et social. Le contrat sur lequel fonctionne le pays depuis plusieurs décennies a été rompu. » Pour autant, M. Abderrahime estime que le régime actuel ne va pas forcément tomber à cause (grâce ?) notamment de la persistance de la situation sécuritaire chaotique aux frontières du pays.
En ces temps d’incertitude sur l’avenir du pays, plusieurs thèses concernant l’après-Bouteflika sont avancées par nombre d’analystes, politologues, leaders politiques et anciens décideurs. Chacun y va de sa version. Même l’ancien ministre de l’Intérieur, Daho Ould-Kablia, réputé proche de Bouteflika lorsqu’il était au gouvernement, s’y est mis de la partie. Dans une interview accordée jeudi au site d’information TSA, Ould-Kablia estime que Bouteflika « ne pouvait supporter de partager le pouvoir et en manœuvrier habile, il va prendre tout son temps pour asseoir son autorité ». Selon lui, Abdelaziz Bouteflika, dont la démocratie « ne fait pas partie de (sa) culture, n’a jamais été très transparent dans ce qu’il envisage de faire ou de défaire ». Un constat que partageait jusque-là l’opposition, mais qui n’a jamais figuré dans le langage du pouvoir et de sa périphérie.
Ces analyses, parfois proches de la réalité, n’éclairent néanmoins en rien l’opinion sur la réalité des luttes que se livrent les clans qui dirigent le pays. Car, en réalité, les luttes entre les « civiles » de la Présidence et les militaires, notamment ceux relevant des services secrets, ont toujours agrémenté les allées du pouvoir dans le pays. Les chefs de l’Etat, du moins feu Chadli Bendjedid et Bouteflika, ont eu le dessus sur les chefs des services. Sans que cela ne serve réellement le pays.
Essaïd Wakli