La campagne à la succession d’Abdelaziz Bouteflika a démarré sur les chapeaux de roue sur internet alors même que le Président de la République, toujours en convalescence à Paris, ne s’est toujours pas prononcé sur l’éventualité de briguer ou non un quatrième mandat consécutif. Et ce sont les fidèles du Mouvement de la société pour la Paix (MSP) qui ont donné le coup d’envoi des hostilités en essayant de truquer un sondage en ligne sur l’Après-Bouteflika, piloté par le magazine panafricain Jeune Afrique. Explications.
Le parti islamiste pris en flagrant délit de bourrage d’urnes sur internet. Les partisans du candidat islamiste algérien Abderrazak Makri ont effectivement tenté de noyer de spams un sondage sur l’avenir politique de l’Algérie après le mandat du Président Abdelaziz Bouteflika, mis en ligne par le magazine hebdomadaire Jeune Afrique entre le 3 juin et le 12 juin. Pour ce faire, ils ont eu recours à quatre robots basés au Etats-Unis. « Après analyses techniques, nous avons découvert que quatre adresses IP (Internet Protocol) ont voté chacune entre 30 000 et 60 000 fois pour un total de 190 333, au profit de Makri. Ces adresses IP correspondent vraisemblablement à des robots basés aux États-Unis, d’après la géolocalisation des adresses, plus précisément près de San José (30 763) en Californie, près de Tampa (42 348) en Floride, près de Détroit (61 305) dans le Michigan et à Houston (55 917) au Texas. Cela explique l’explosion du nombre de votes, notamment la nuit, en raison du décalage horaire avec les États-Unis », explique la rédaction de Jeune Afrique.
C’est effectivement le subite grossissement du nombre des voix exprimées qui a mis la puce à l’oreille des journalistes du réputé magazine panafricain. « Officiellement, le nombre de votes a atteint 314 297. Mais alors que vendredi 7 juin, il n’était « que » de 12 000, il a bondi d’une façon spectaculaire, lundi 10 juin, pour atteindre 150 000. À la clôture du vote, il avait encore progressé de 164 297. Des chiffres qui posent des problèmes d’interprétation », rapporte Jeune Afrique.
Ali Benflis en tête du sondage
Alertés de cette supercherie, les journalistes ont pu rectifier le tir à temps, en supprimant les suffrages exprimés via ces quatre adresses IP frauduleuses. En conséquence, les pourcentages définitifs sont radicalement différents des premiers résultats, travestis par la fraude massive des électeurs islamistes. A la question « Qui souhaiteriez-vous voir accéder à la présidence après Bouteflika ? », le candidat du MSP ne recueille plus que 1 488 voix, soit 1% des suffrages exprimés contre 35 % avant la correction. Ainsi, dans la seconde version du sondage de Jeune Afrique, Abderrazak Makri chute de la deuxième à la dernière place de la liste des candidats potentiels ou déclarés à la présidence algérienne. Arrivé en tête avec 37% des voix exprimées d’après les premiers résultats, l’ex-Premier ministre Ali Benflis reste leader de ce classement recueillant 87% des suffrages soit 107 416 voix après l’exclusion des suffrages frauduleux.
Le gonflement des voix par les islamistes a également biaisé une seconde question : « Pensez-vous qu’une victoire d’un candidat islamiste soit possible ? ». En retranchant les votes frauduleux, Jeune Afrique conclut que 87 % des votants (108 316 voix) ont répondu « non » contre 5 % (5 929) « oui » alors que dans la première version truquée du sondage ils étaient 41% à croire en les chances d’un candidat islamistes (129 926) contre 56 % des votants (soit 174 652).
Ce sondage n’a certes rien de scientifique et les mesures demeurent imprécises malgré les corrections. Il révèle néanmoins le type de moyens illégitimes et illégaux que certains sont prêts à engager dans cette course à la succession de Bouteflika pour arriver à leurs fins. Inquiétant !