Le penseur et théologien Tariq Ramadan a appelé dimanche la confrérie des Frères Musulmans à cesser de manifester dans les rues pour préserver l’Egypte de la division et du spectre de la guerre civile. « Je pense qu’ils doivent cesser les manifestations, cesser la politique du pire, même en étant dans la non-violence. De toute façon, ils ne vont pas avoir le choix. Les militaires sont en train de les isoler du peuple. Ils sont dans une impasse aujourd’hui », a-t-il dit dans une interview accordée au quotidien français Le Parisien.
Tariq Ramadan estime, par ailleurs, que » les islamistes n’auraient jamais dû entrer dans le processus électoral, c’était un piège pour eux et ça les a mis dans la situation dans laquelle ils se trouvent maintenant ». Il est donc urgent, selon Tariq Ramadan, dont le grand-père, Hassan al-Banna a fondé en 1928 le mouvement islamiste des Frères Musulmans, que les partisans du président Mohamed Morsi revoient leur copie. L’islamologue suisse d’origine égyptienne s’est montré également très critique vis-à-vis de Mohamed Morsi, le président qui a été destitué par l’armée égyptienne. « Il aurait dû avoir une politique d’ouverture, avec les laïcs et les coptes notamment, beaucoup plus volontariste », reproche-t-il. « Son rôle et celui de la Confrérie des frères musulmans n’étaient pas clairs en matière de décision. On ne gouverne pas un pays en disant qu’on est les gardiens de la tradition musulmane. On gouverne un pays quand on a un projet politique, social et économique », a-t-il ajouté en reconnaissant que le projet de Mohamed Morsi « était totalement superficiel ».
Signalons enfin que Tariq Ramadan n’a pas manqué de dénoncer la répression meurtrière des manifestants par l’armée égyptienne. Il s’est dit surpris par « l’intensité de la violence ! » « C’est pire que tout ce que je pouvais imaginer », a-t-il même confié. « Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est un régime militaire qui n’a jamais quitté la scène politique et qui se présente aujourd’hui avec une légitimité populaire. Mais celle-ci ne lui a absolument pas donné carte blanche pour une répression qui a tué autant de civils », a-t-il souligné en dernier lieu.