L’Etat algérien refuse de traquer les faux moudjahidines

Redaction

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Le Ministre des Moudjahidines a annoncé que les lois concernant le statut des anciens combattants et des martyrs seront prochainement révisées et enrichies. De nouveaux projets de textes de lois et de décrets seront également soumis au gouvernement.

Les promesses de Tayeb Zitouni

Tayeb Zitouni, le Ministre des Moudjahidines, s’est exprimé mardi au forum du quotidien Echaab, organisé à l’occasion de la célébration du 52e anniversaire de l’indépendance. Zitouni a promis que le cadre législatif sera prochainement réétudié et enrichi, et que l’État ouvrira bientôt des centres de repos et des salles de soins dans toutes les wilayas du pays. S’exprimant sur la lenteur de la bureaucratie algérienne, qui empêche certains moudjahidines de faire valoir leurs droits, le Ministre a annoncé qu’une « large campagne a été lancée pour lutter contre la bureaucratie à travers l’allègement des documents administratifs requis dans les dossiers des moudjahidines et ayants droits ».

Pas d’enquête sur les faux moudjahidines

Zitouni a également évoqué la question des faux moudjahidines, expliquant qu’il était « impossible » de rouvrir le dossier relatif à l’identification des moudjahidines. Cette opération, qui visait à démasquer les faux moudjahidines avait été interrompue à la demande de l’Organisation nationale des moudjahidines (ONM). Le Ministre a cependant assuré que l’examen des dossiers en suspens qui se trouvent au niveau de la Commission nationale d’identification se poursuivra.

Au-delà des promesses, il ressort donc du discours du Ministre que l’État algérien refuse une nouvelle fois de s’interroger sur l’existence de faux moudjahidines et de relancer la procédure d’identification, alors que de plus en plus d’informations indiquent l’existence de fraudeurs. Contacté par téléphone, l’ONM n’a pas souhaité réagir et nous a opposé une brutale fin de non-recevoir.

Cette question des faux moudjahidines s’est posée dès le lendemain de l’indépendance. De nombreux citoyens avaient alors dénoncé les « faux résistants » qui, sentant le vent tourner à la fin de la guerre de libération avaient rejoint les rangs de la révolution.

Depuis, il semble que de nombreux faux moudjahidines ont dupé l’administration algérienne et bénéficient d’avantages qu’ils ne méritent aucunement.

Un statut en or et des avantages considérables

Pourtant, au vu des nombreux (et coûteux) avantages octroyés aux moudjahidines, l’identification et la sanction des faux moudjahidines devraient être une priorité pour l’appareil politico-judiciaire.

Les avantages accordés aux moudjahidines ainsi qu’aux veuves, enfants et ascendants directs de chouhada (martyrs) sont en effet considérables : gratuité des soins, gratuité ou réduction du coût des moyens de transport, priorité dans la formation, l’emploi et la promotion, baisse de l’âge de départ à la retraite, réduction du prix de location et d’achat d’un logement, priorité de l’attribution des terres agricoles et octrois de prêts bancaires avec une réduction de 50% sur le taux d’intérêt pour la réalisation de projet d’investissement économique, agricole ou de services sont quelques uns des privilèges dont bénéficient les moudjahidines et les ayants droits.