Le décès de Hocine Aït-Ahmed commence à révéler des facettes méconnues ou inconnues de l’histoire du grand militant. Des hommes qui l’ont rencontré à un moment ou un autre de sa longue et riche vie de militant racontent leurs versions de certains faits. C’est le cas de l’avocat et ancien membre du Haut comité d’Etat (HCE), Ali Haroun.
Ce dernier était chargé d’accompagner le général Khaled Nezzar pour trouver la personnalité nationale susceptible de remplacer, en janvier 1992, Chadli Bendjedid, « démissionnaire ». Et avant Mohamed Boudiaf, le duo Nezzar-Haroun a d’abord tenté de convaincre Hocine Aït-Ahmed de présider aux destinées du pays. L’ancien président de l’Organisation spéciale (OS) a refusé d’être président car «il pensait que l’arrêt du processus électoral était un coup d’Etat», se souvient Ali Haroun qui s’est exprimé dans le quotidien El Watan.
Aït-Ahmed «nous a suggéré d’aller au deuxième tour. On lui a dit que si on le faisait, le Front islamique du salut (FIS) allait remporter les élections avec un risque d’avoir plus des trois quarts des sièges de députés. Ce qui lui aurait permis de changer la Constitution», raconte-il encore.
Ali Haroun raconte dans le détail comment est-ce que l’armée s’est retrouvée dans une impasse institutionnelle lors que la décision d’arrêter le processus électoral a été prise. L’idée d’un Haut Comité d’Etat germa alors. Mais il fallait trouver une personnalité consensuelle pour le présider. Or, poursuit Haroun, «malgré nos arguments, Aït Ahmed était contre dès le début».
Que faire ? «Nous avons pensé à d’autres comme Mehri, Taleb Ibrahimi et surtout Mohamed Boudiaf. C’est lui qui a finalement accepté. C’est moi-même qui suis allé le voir au Maroc car il avait été mon responsable durant la Guerre de Libération nationale avant qu’il ne soit arrêté en compagnie d’Aït Ahmed justement», indique le célèbre avocat qui continue de «ne pas comprendre» la position de Hocine Aït-Ahmed à qui il voue «du respect» pour «tout ce qu’il a donné pour l’Algérie».
Essaïd Wakli